Vonvonli

Vonvonli  est né de l’effroi ressenti par le chorégraphe Kossivi Sénagbé Afiadegnigban, en 2014, alors qu’il venait de se briser le genou et craignait de ne plus pouvoir jamais danser ni exercer son métier. Son titre, en langue Ewe du Togo, signifie « la peur existe » mais aussi, selon l’intonation vocale, « l’ombre ». Cette double signification invite à concevoir la peur comme un sentiment dont l’individu ne peut se départir, qui le poursuit partout mais peut aussi constituer une force motrice.

Vonvonli explore les peurs et angoisses de la condition humaine : peur du danger, de la mort, mais aussi peurs plus abstraites : de l’inconnu, de l’autre,  de ne pas être à la hauteur. La peur aussi qu’engendre l’incertitude du quotidien, où tout peut basculer d’un instant à l’autre, et celle grandissante de l’avenir. La pièce questionne également la capacité de changement et d’adaptation de l’individu. Comment affronter ses peurs ? Comment les apprivoiser pour les transformer en énergie ?

Enchevêtrement de centaines de vêtements issus d’Hédzranawoé, le grand marché de la friperie de Lomé, le large rideau qui drape le fond de scène illustre la multitude de peurs, de cicatrices et traumatismes accumulés au cours de l’existence, qui s’empilent, se dissimulent, se déguisent. Lieu où s’accrochent et s’abandonnent aussi les peurs, ce « mur » symbolise les rituels et pratiques initiatiques de la culture togolaise qui forcent à dépasser cette émotion pour mieux l’apprivoiser.  Un chant traditionnel en langue Ewé chant pour les funérailles, le combat ou pour contrer l’adversité, invoque d’ailleurs la figure du bélier intrépide qui ne renonce pas et fonce avec détermination sur l’obstacle. Interprété en live par le chorégraphe, il vient galvaniser les danseurs et leur insuffler la force et le courage d’affronter l’ombre de leurs peurs.

Vonvonli est le fruit d’un premier travail de recherche mené avec les participants du programme de formation Danse Traditionnelle et Créateur d’Aujourd’hui (DTCA) conduit par Kossivi Sénagbé Afiadegnigban en juillet 2021, à Lomé. Lauréat du programme Résidance de l’Institut Français, le projet a bénéficié d’une seconde période de recherche avec le regard extérieur de Nadia Beugré. Soutenue par l’Institut Français du Togo en 2022, puis en 2023 par l’Institut Français et le programme Togo Créatif (Institut Français du Togo, Goethe Institut, Union Européenne), avec le regard extérieur d’Andréya Ouamba, la pièce a été jouée pour la première fois dans sa version complète le 20 janvier 2023, à l’Institut Français du Togo, à Lomé, avant d’entreprendre une tournée en Tunisie (Festival de danse de Carthage, juin 2023) en Côte d’Ivoire (Biennale internationale de la danse Gbonhi, Abidjan, septembre 2023) et au Mozambique lors du Festival Kinani – Biennale Danse en Afrique (novembre 2023).

Sources : Dossier Vonvonli, Compagnie Sol’Oeil d’Afrik, 2023. Interview de Kossivi Sénagbé Afiadegnigban, par Anne Décoret-Ahiha, Lomé, 7 juin 2023.

Le dépôt de cette vidéo a été possible grâce au soutien de l’Institut Français, de la Métropole de Lyon et de la Ville de Lyon dans le cadre du projet 2023 – 2024  « Développement de ressource numérique sur la création chorégraphique africaine et outil pour la formation artistique, à la critique d’art et à la médiation culturelle au Bénin et au Togo » porté par Anne Décoret-Ahiha.