Entre être et ne pas être

Première création solo de Carmelita Siwa, Entre être et ne pas être est née d’une prise de conscience de la chorégraphe quant à l’impact des obligations socioculturelles tacites sur sa construction identitaire de jeune femme dans son pays, le Bénin. Aînée de quatre filles, élevée selon une éducation religieuse rigoureuse, la chorégraphe perçoit, alors qu’elle devient adulte, le poids qui pèse sur ses épaules : montrer le bon exemple, accomplir ses devoirs, faire preuve de responsabilité, en somme : correspondre aux attentes familiales et sociales au détriment de ses propres aspirations. Se sentant oppressée, comme piégée par le regard des autres et le qu’en-dira-t-on, elle en vient à se questionner sur son identité singulière.

« Que me faut-il être ou ne pas être, me suis-je souvent demandé. Plaire aux autres et sacrifier mon bonheur et ma liberté ? Mais qui suis-je réellement ? Moi-même ou ce que les autres attendent de moi ? Qui ai-je vraiment envie de devenir ? Comment dépasser ce monde de faux-semblants, de mensonges, de mascarades et décider, enfin, pour moi ? »

Dans un costume symbolisant la tension entre le paraître – maquillage, étoffe blanche – et l’être, encore tapi dans l’obscurité, la danseuse se déploie d’abord dans un espace délimité par quatre lanternes, qui forment autant de balises, de contraintes, que de lueurs d’espoir éclairant le chemin d’une vie enfin choisie, malgré l’adversité : celle d’artiste.

Captation du 14 mai 2021, Institut Français du Bénin, Cotonou.

Source : Dossier Compagnie Arts Ca’Danser, interview de Carmelita Siwa, par Anne Décoret-Ahiha, 4 octobre 2023.

Le dépôt de cette vidéo a été possible grâce au soutien de l’Institut Français, de la Métropole de Lyon et de la Ville de Lyon dans le cadre du projet 2023 – 2024  « Développement de ressource numérique sur la création chorégraphique africaine et outil pour la formation artistique, à la critique d’art et à la médiation culturelle au Bénin et au Togo » porté par Anne Décoret-Ahiha.