Numeridanse is available in English.
Would you like to switch language?
Attention, contenu sensible.
Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
Miniature de la vidéo Les amants d’un jour

Les amants d’un jour

Anne-Marie Reynaud

Miniature de la vidéo Daïté

Daïté

Yvann Alexandre

Miniature de la vidéo So Schnell

So Schnell

Dominique Bagouet

Miniature de la vidéo Mandragore

Mandragore

Jorma Uotinen

Miniature de la vidéo Petit psaume du matin

Petit psaume du matin

Josef Nadj

Miniature de la vidéo L’Incessante

L’Incessante

Jean-Claude Gallotta

Miniature de la vidéo Les ombres du péché

Les ombres du péché

Ministère de la Culture

Miniature de la vidéo La complainte du progrès

La complainte du progrès

Ministère de la Culture

Miniature de la vidéo Besame mucho

Besame mucho

Frédéric Gies

Miniature de la vidéo Erè mèla mèla

Erè mèla mèla

Lionel Hoche

Miniature de la vidéo Garota de Ipanema

Garota de Ipanema

Serge Ricci

Miniature de la vidéo La Habanera

La Habanera

Mié Coquempot

Miniature de la vidéo Ya Rayah

Ya Rayah

Alis

Miniature de la vidéo Grand Ecart – à propos de la danse contemporaine

Grand Ecart – à propos de la danse contemporaine

Charles Picq

Miniature de la vidéo L’Homme qui danse

L’Homme qui danse

Valérie Urréa , Rosita Boisseau

Miniature de la vidéo Le Crawl de Lucien, première représentation

Le Crawl de Lucien, première représentation

Dominique Bagouet

Miniature de la vidéo Uzès Quintet

Uzès Quintet

Nathalie Pernette , Javier De Frutos , Emanuel Gat

Miniature de la vidéo Notre amour

Notre amour

Christian Rizzo

Miniature de la vidéo Jolie Môme

Jolie Môme

Daniel Larrieu

Miniature de la vidéo Tout morose

Tout morose

Dominique Hervieu , José Montalvo

Miniature de la vidéo Skull*Cult

Skull*Cult

Christian Rizzo , Rachid Ouramdane

Miniature de la vidéo La Danse hip-hop, une technique maîtrisée

La Danse hip-hop, une technique maîtrisée

Ministère de la Culture

Miniature de la vidéo Mille et une danses orientales

Mille et une danses orientales

Mokhtar Ladjimi

Miniature de la vidéo Kaspar Konzert

Kaspar Konzert

François Verret , Mathurin Bolze

Miniature de la vidéo Alegria – L’Univers flamenco de Karine Saporta

Alegria – L’Univers flamenco de Karine Saporta

Karine Saporta

Miniature de la vidéo La Danse aux poings de Mourad Merzouki

La Danse aux poings de Mourad Merzouki

Mourad Merzouki

Miniature de la vidéo Les Pieds sur scène

Les Pieds sur scène

Eric Legay

Miniature de la vidéo Sur les pas de Noureev

Sur les pas de Noureev

Rudolf Noureev

Miniature de la vidéo Legiteam Obstruxion, au cœur des battles hip-hop

Legiteam Obstruxion, au cœur des battles hip-hop

Nadja Harek

Miniature de la vidéo Faire kifer les anges

Faire kifer les anges

Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne | EMKA

Miniature de la vidéo Tout près des étoiles – Les Danseurs de l’Opéra de Paris

Tout près des étoiles – Les Danseurs de l’Opéra de Paris

Nils Tavernier

Miniature de la vidéo Histoires vives

Histoires vives

Yan Gilg

Miniature de la vidéo Robyn Orlin, de Johannesburg au Palais Garnier

Robyn Orlin, de Johannesburg au Palais Garnier

Robyn Orlin

Miniature de la vidéo Lueur d’étoile

Lueur d’étoile

Dominique Delouche

Miniature de la vidéo Les cahiers retrouvés de Nina Vyroubova

Les cahiers retrouvés de Nina Vyroubova

Dominique Delouche

Miniature de la vidéo Kaspar Konzert

Kaspar Konzert

François Verret , Mathurin Bolze

Miniature de la vidéo Mille et une danses orientales

Mille et une danses orientales

Mokhtar Ladjimi

Miniature de la vidéo Planète Bagouet

Planète Bagouet

Dominique Bagouet

Miniature de la vidéo Questa pazzia e fantastica – Paysages fabriens

Questa pazzia e fantastica – Paysages fabriens

Jan Fabre

Miniature de la vidéo Mr. Bojangles’ Memory, Og Son of Fire

Mr. Bojangles’ Memory, Og Son of Fire

Robert Wilson

Miniature de la vidéo Djai

Djai

Daniel Larrieu

Miniature de la vidéo Mansouria

Mansouria

Josette Baïz

Miniature de la vidéo Waterproof

Waterproof

Daniel Larrieu

Miniature de la vidéo Le P’tit Bal

Le P’tit Bal

Philippe Decouflé

Miniature de la vidéo Revoir Nijinsky danser

Revoir Nijinsky danser

Vaslav Nijinski

Miniature de la vidéo Hoppla !

Hoppla !

Anne Teresa De Keersmaeker

Miniature de la vidéo A la renverse

A la renverse

Mathilde Monnier

Miniature de la vidéo Song

Song

Charles Picq

Miniature de la vidéo Carnets de traversée, quais ouest

Carnets de traversée, quais ouest

Ministère de la Culture

Miniature de la vidéo Violences civiles

Violences civiles

Odile Duboc

Miniature de la vidéo Opéra Goude – L’Aventure de la Marseillaise

Opéra Goude – L’Aventure de la Marseillaise

Philippe Decouflé

Miniature de la vidéo Jaillissements, Isadora Duncan et Auguste Rodin

Jaillissements, Isadora Duncan et Auguste Rodin

Isadora Duncan , Elisabeth Schwartz

Miniature de la vidéo La dernière fuite

La dernière fuite

François Verret

Miniature de la vidéo Reamker, danse avec les dieux

Reamker, danse avec les dieux

Stéphane Lebon

Miniature de la vidéo La Chambre

La Chambre

Joëlle Bouvier , Régis Obadia

Miniature de la vidéo Lourdes-Las Vegas (version sous-titrée)

Lourdes-Las Vegas (version sous-titrée)

Alain Platel

Miniature de la vidéo Suresnes Cité Danses (version sous-titrée)

Suresnes Cité Danses (version sous-titrée)

Luc Riolon

Miniature de la vidéo Mille et une danses orientales (version sous-titrée)

Mille et une danses orientales (version sous-titrée)

Mokhtar Ladjimi

Miniature de la vidéo E pour eux (version sous-titrée)

E pour eux (version sous-titrée)

Mathilde Monnier

Miniature de la vidéo Bruit blanc – Autour de Marie-France (version sous-titrée)

Bruit blanc – Autour de Marie-France (version sous-titrée)

Mathilde Monnier

Miniature de la vidéo Waterproof (Audiodescription)

Waterproof (Audiodescription)

Daniel Larrieu

Miniature de la vidéo Violences civiles (Audiodescription)

Violences civiles (Audiodescription)

Odile Duboc

Miniature de la vidéo So Schnell (1990) [Audiodescription]

So Schnell (1990) [Audiodescription]

Dominique Bagouet

Miniature de la vidéo Le Vif du sujet : Skull*Cult (Audiodescription)

Le Vif du sujet : Skull*Cult (Audiodescription)

Christian Rizzo , Rachid Ouramdane

Miniature de la vidéo Rain

Rain

Anne Teresa De Keersmaeker

Miniature de la vidéo Rain

Rain

Anne Teresa De Keersmaeker

Miniature de la vidéo Grass Field

Grass Field

Alex Hay , Steve Paxton

Miniature de la vidéo Lucinda Childs, Vehicle

Lucinda Childs, Vehicle

Lucinda Childs

Miniature de la vidéo Carriage Discreteness

Carriage Discreteness

Yvonne Rainer

Miniature de la vidéo Le son d’Elsa

Le son d’Elsa

Elsa Wolliaston

Miniature de la vidéo Ô mon corps

Ô mon corps

Abou Lagraa

Miniature de la vidéo Le Crawl de Lucien

Le Crawl de Lucien

Dominique Bagouet

Miniature de la vidéo Steve Paxton, Physical Things

Steve Paxton, Physical Things

Steve Paxton

Miniature de la vidéo Deborah Hay, Solo

Deborah Hay, Solo

Deborah Hay

Miniature de la vidéo Robert Rauschenberg, Open Score

Robert Rauschenberg, Open Score

Ministère de la Culture

Miniature de la vidéo John Cage, Variations VII

John Cage, Variations VII

Ministère de la Culture

Miniature de la vidéo Cris de corps

Cris de corps

Bernardo Montet

Miniature de la vidéo One Flat Thing, reproduced

One Flat Thing, reproduced

William Forsythe

Miniature de la vidéo Yvette Chauviré

Yvette Chauviré

Yvette Chauviré

Miniature de la vidéo Evidentia (évidence)

Evidentia (évidence)

Mats Ek

Miniature de la vidéo Les cahiers retrouvés de Nina Vyroubova

Les cahiers retrouvés de Nina Vyroubova

Dominique Delouche

Miniature de la vidéo Le cygne

Le cygne

Yvette Chauviré

Miniature de la vidéo Odile Duboc, une conversation chorégraphique

Odile Duboc, une conversation chorégraphique

Odile Duboc

Miniature de la vidéo Odile Duboc, une conversation chorégraphique

Odile Duboc, une conversation chorégraphique

Odile Duboc

Miniature de la vidéo BGirls

BGirls

Nadja Harek

Miniature de la vidéo Borobudur

Borobudur

Arnold Pasquier

Miniature de la vidéo Dis moi pourquoi tu danses

Dis moi pourquoi tu danses

Jacques Kébadian

Miniature de la vidéo Du cercle à la scène

Du cercle à la scène

Ministère de la Culture

Miniature de la vidéo Les arènes du hip-hop

Les arènes du hip-hop

Ministère de la Culture

Miniature de la vidéo Toujours mort, encore vivant

Toujours mort, encore vivant

Kô Murobushi

Miniature de la vidéo La peau (audiodescription)

La peau (audiodescription)

Christian Bourigault

Miniature de la vidéo Le Vif du sujet : Petit psaume du matin (audiodescription)

Le Vif du sujet : Petit psaume du matin (audiodescription)

Josef Nadj

Miniature de la vidéo BGirls

BGirls

Nadja Harek

Miniature de la vidéo Borobudur

Borobudur

Arnold Pasquier

Miniature de la vidéo Dis moi pourquoi tu danses

Dis moi pourquoi tu danses

Jacques Kébadian

Miniature de la vidéo Du cercle à  la scène

Du cercle à la scène

Ministère de la Culture

Miniature de la vidéo Les arènes du hip-hop

Les arènes du hip-hop

Ministère de la Culture

Miniature de la vidéo Triton (audiodescription)

Triton (audiodescription)

Philippe Decouflé

Miniature de la vidéo Paso Doble

Paso Doble

Josef Nadj

Miniature de la vidéo A propos de Nice

A propos de Nice

Jean Vigo , Boris Kaufman

Miniature de la vidéo Carnaval à la Havane

Carnaval à la Havane

Claude Santiago

Miniature de la vidéo Djabote Doudou Ndiaye Rose

Djabote Doudou Ndiaye Rose

Béatrice Soulé , Éric Millot

Miniature de la vidéo Djembefola

Djembefola

Laurent Chevallier

Miniature de la vidéo Entrée du personnel

Entrée du personnel

Manuela Frésil

Miniature de la vidéo Entrée du personnel

Entrée du personnel

Manuela Frésil

Miniature de la vidéo Ghazeia danseuse d’Egypte

Ghazeia danseuse d’Egypte

Safaa Fathy

Miniature de la vidéo Gille à Pont

Gille à Pont

Christian Deloeuil

Miniature de la vidéo La danse et Degas

La danse et Degas

Mischa Scorer

Miniature de la vidéo Les Saisons

Les Saisons

Artavazd Pelechian

Miniature de la vidéo Les Saisons

Les Saisons

Artavazd Pelechian

Miniature de la vidéo Lois Greenfield, portrait d’une photographe de danse

Lois Greenfield, portrait d’une photographe de danse

Sylvie Fleurot

Miniature de la vidéo Natpwe

Natpwe

Jean Dubrel , Tiane Doan na Champassak

Miniature de la vidéo Samba opus 1 – Rio, le conservatoire de la samba

Samba opus 1 – Rio, le conservatoire de la samba

Yves Billon

Miniature de la vidéo Samia forever

Samia forever

Saïda Boukhemal

Miniature de la vidéo William Christie et les Arts Florissants

William Christie et les Arts Florissants

Andréa Kirsch

Miniature de la vidéo Wodaabe, les bergers du soleil

Wodaabe, les bergers du soleil

Werner Herzog

Miniature de la vidéo Retour à Douchanbé

Retour à Douchanbé

Ministère de la Culture

Représentations filmées

Grass Field

Chorégraphie
Année de réalisation
2008
Année de création
1966

« Grass Field » fut présenté les 13 et 22 octobre 1966 à l’Arsenal du 69e Régiment de New York. Cette performance d’Alex Hay relève à la fois du dispositif scénographique et de l’expérience scientifique.

Grass Field fut présentée les 13 et 22 octobre 1966. Cette performance d’Alex Hay relève à la fois du dispositif scénographique et de l’expérience scientifique. Couvert d’électrodes qui amplifient les sons les plus intimes de son corps, assis devant un grand écran sur lequel apparaît son visage, l’artiste repousse les limites perceptibles de l’individu.

Grass Field – un champ d’herbes – c’est sans doute ce que sont censés représenter les 24 carrés de tissu numérotés qu’Alex Hay dispose sur le plateau en ouverture. Ce territoire sera ensuite défait par deux agents munis de perches, Robert Rauschenberg et Steve Paxton, tandis que le performeur se tient assis immobile au milieu de la scène. Sans doute en vertu d’un jeu de mots – « hay » signifie « foin » – ce champ d’herbes désigne-t-il le territoire intime de l’artiste, d’abord délimité, puis défait, au fur et à mesure que les fréquences de son corps emplissent la salle et que les détails de son visage halluciné imprègnent le regard du spectateur. S’exposer ainsi, être confronté aux sons filtrants à travers sa peau tout en restant longuement immobile se révéla une épreuve pour le plasticien-danseur. La technologie, utilisée de manière ludique dans les autres performances, devient ici l’instrument d’une expérience inquiétante. Une forme de science-fiction dont l’artiste est le cobaye.

Source : Sylvain Maestraggi

9 Evenings : Theatre & Engineering est une série de dix films consacrés aux dix performances légendaires qui ont eu lieu à New York en octobre 1966. Point d’orgue du foisonnement créatif new-yorkais des années 1950-60, les 9 Evenings représentent un moment charnière du rapprochement entre art et technologie, et de l’invention de nouvelles formes de composition et de performance.

C’est à la complicité de Billy Klüver, ingénieur au centre de recherches Bell Laboratories, avec le plasticien Robert Rauschenberg que l’on doit 9 Evenings : Theatre & Engineering, une série de performances qui furent présentées à l’Arsenal du 69e Régiment de New York, entre le 13 et le 23 octobre 1966. L’enjeu était simple : mettre à la disposition d’une dizaine d’artistes le savoir-faire d’une équipe d’ingénieurs des laboratoires Bell, pour leur permettre de réaliser, grâce à des moyens technologiques de pointe, “la performance de leur rêve”. Projecteurs, caméras vidéo, transistors, amplificateurs, électrodes et oscilloscopes firent ainsi leur entrée sur scène au service de visions ambitieuses, futuristes, iconoclastes ou poétiques – qui toutes furent filmées en noir et blanc et en couleur. Lorsque ces films furent retrouvés en 1995, Billy Klüver décida en collaboration avec Julie Martin et la réalisatrice Barbro Schultz Lundestam, de produire une série de documentaires restituant ce qui s’était produit sur scène et lors de la préparation des performances. Ainsi le matériau original fut-il complété par des entretiens avec les protagonistes de chaque performance (artistes et ingénieurs), des images d’archives et quelques invités prestigieux. Les 9 Evenings allaient pouvoir retrouver leur place dans l’histoire de l’art.

Or, les artistes le rappellent eux-mêmes, ces performances s’inscrivent de manière déterminée dans l’évolution de l’art aux Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Sans remonter jusqu’à Jackson Pollock, évoqué par Lucinda Childs, qui, en plaçant le geste au cœur de la peinture ouvrit la voie à un art de l’action, le parrainage de Merce Cunningham, John Cage et Robert Rauschenberg est de première importance dans le développement de ce qui sera présenté sur scène. C’est au Black Mountain College, où enseignait Cage, qu’eut lieu en 1952 le premier happening auquel participèrent Rauschenberg et Cunningham, ainsi que David Tudor, que l’on retrouve dans les 9 Evenings.

Une des spécificités de cet événement était de rassembler librement différentes disciplines artistiques sur une même scène, en renonçant au caractère narratif de la représentation théâtrale. La plupart des artistes invités à participer au 9 Evenings sont issus du Judson Dance Theater, un collectif réuni dans l’église Judson à New York et constitué de disciples de Merce Cunningham. Les préceptes de John Cage leur étaient enseignés par Robert et Judith Dunn, et Rauschenberg, directeur artistique de la compagnie de Cunningham, les assistait dans l’organisation de leurs spectacles. Rauschenberg s’initia lui-même à la danse dans les années 1960 et réalisa certaines performances avec Carolyn Brown, Steve Paxton, Deborah et Alex Hay.

Transversalité, mélange de danseurs et de non-danseurs, interaction avec des objets, abandon de la technicité de la danse au profit de l’observation des gestes du quotidien, sont autant de caractéristiques du Judson Dance Theater que l’on retrouve dans les 9 Evenings. Trouver un nouveau rapport entre l’art et la vie, telle était l’injonction de Cage et Rauschenberg. Sur l’immense plateau de l’Arsenal, la technologie mise au service des artistes va permettre d’intégrer toutes sortes de sons et d’images venus de l’extérieur et la danse va s’effacer pour laisser place à un nouveau genre de pantomime appelé performance.

La technologie des ingénieurs de Bell est elle-même un de ces éléments du monde extérieur. Les artistes choisissent de la mettre en scène ou de l’escamoter au profit de compositions tirées de leur imagination. Chez les musiciens, Cage et Tudor, c’est une débauche de câbles, chez Alex et Deborah Hay, une atmosphère expérimentale proche de la science-fiction, chez Lucinda Childs, un dispositif empreint de modernisme. Rauschenberg et Robert Whitman proposent des formes plus directement empruntées à notre environnement quotidien : l’un change le plateau en terrain de tennis, l’autre y fait pénétrer des automobiles. Dans ces performances, comme dans celle d’Öyvind Fahlström, qui foisonne de “deus ex machina”, la technologie conserve son rôle ancestral de machine de scène.

Si l’amplification du son et la projection sur écran constituent une nouveauté, les tableaux dressés par ces artistes appartiennent encore à l’univers du théâtre. Théâtrale également, la séparation entre la scène et le public qui n’est abolie qu’une seule fois par Steve Paxton, avec ses structures gonflables dans lesquelles les spectateurs sont amenés à se promener. Ce qui nous écarte du théâtre toutefois, c’est l’absence de texte ou de parole (à l’exception d’Öyvind Fahlström). La performance n’est pas ordonnée à un récit, elle invente ses propres unités de temps et d’action. D’où la tension dont témoignent certains artistes qui ignoraient parfois la durée de leur spectacle ou doutent encore de sa cohérence. La performance est un art du risque qui se joue dans l’instant.

Enfin, grâce à la technologie, on voit émerger tout un nouveau monde d’images. Cette vie qu’il appartient à l’artiste de réconcilier avec l’art est faite non seulement de gestes, mais aussi d’images de télévision et de cinéma, d’images documentaires ou de publicité, d’images-fantasmes ou d’images-messages. C’est flagrant chez Yvonne Rainer et Robert Whitman. Le monde qui pénètre sur scène est celui de la société de consommation et de ses objets fétiches : radios, télécommandes, ventilateurs, aspirateurs, machines à écrire. Le règne de l’automatisme et de l’interrupteur. Que l’entreprise qui met à disposition ses ingénieurs soit une compagnie de téléphone laisse songeur quant à l’avenir de ces techniques. Mais à la différence du pop art, qui s’empare au même moment des emblèmes et des rites de la société américaine, et même si la plupart des performances ont une dimension ludique, on discerne, en filigrane des 9 Evenings, comme un soupçon critique à l’égard de ce nouvel environnement. Cela éclate chez Öyvind Fahlström, qui livre un pamphlet contre l’idéal conformiste des Etats-Unis. Mais il n’est pas tout à fait isolé. La foule spectrale filmée à la caméra infrarouge chez Rauschenberg, le visage bardé d’électrodes de l’artiste cobaye Alex Hay, le monde synthétique de Steve Paxton laissent filtrer une certaine inquiétude. Imitant la condition de l’ouvrier ou du consommateur, le corps du danseur renonce à toute agilité pour n’être plus qu’un opérateur dans un dispositif, voire une simple chose déplacée sur un socle comme chez Deborah Hay.

Durant ces dix jours, les ingénieurs et les artistes des 9 Evenings auront transformé l’immense voûte de l’Arsenal en caverne de Platon, où le public sera venu admirer les reflets dispersés du monde moderne. Si la tristesse de l’ère industrielle vient de ce que la technique nous dépossède de la réalité, à travers ces dix propositions, la performance s’est affirmée comme un genre libre et onirique, capable de puiser dans la rumeur dudit monde – fût-elle électrique – un matériau neuf à transfigurer.

Source : Sylvain Maestraggi (Texte publié dans Images de la culture n°29, février 2015)

Chorégraphie
Année de réalisation
2008
Année de création
1966
Assistance direction artistique
Lumières
Jennifer Tipton, Beverly Emmons (assistant)
Interprétation
Alex Hay, Robert Rauschenberg, Steve Paxton
Son
David Tudor
Ajouter à la playlist