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Waiting

Chorégraphie
Collection
Année de réalisation
1998
Année de création
1996

Dans Waiting, Carlotta Ikeda nous réapprend à nous arrêter, nous redonnant le goût de l’observation, le plaisir de l’attente. Si la voix de Marguerite Duras surgit, elle est seulement le point de départ, la chorégraphe ne danse pas ses mots.

Solo créé en 1996 lors d’une résidence au TNDI de Châteauvallon. 

Dans l’univers névrotique de la société contemporaine où tout, même le spectacle, doit être vite consommé au rythme des images cathodiques, Carlotta Ikéda nous réapprend à nous arrêter. Et voici le plaisir de « l’attente ». Voici le goût de l’observation pour les choses qui désormais échappent à notre perception. 

Ici la voix de Duras est seulement l’origine, le point de départ. Elle ne danse pas ses mots. Elle se laisse transporter par les sensations, par le désir : un vide qui remplit le corps, un rien qui devient point de contact entre la vie et la mort. 

Carlotta interprète une danse apparemment immobile, où tout bouge de l’intérieur. Sur scène c’est une femme quelque part monstrueuse, un être aux mille visages : moitié épouse, petite fille solitaire, créature dévorée par une passion masculine et phallocrate. 

C’est ainsi que WAITING raconte la recherche d’extase, au-delà des stéréotypes et en dépassant la forme typique de la danse Butô.

« Le Butô est ma danse fondatrice, mais à l’intérieur d’elle j’ai creusé mon sillon de danseuse et de chorégraphe. Le Butô est inscrit dans mon corps, je n’ai plus besoin d’y faire consciemment référence. Maintenant, je cherche au-delà du Butô. Et puis, mon corps a changé, il faut que je vive avec lui… Je sens que je peux trouver une nouvelle manière de danser… Il me faut bouger à l’intérieur. Pourquoi et comment, je ne sais pas… Je ne veux pas le savoir, mais je sens cette nécessité. Pour le solo, Je ne veux rien expliquer. Le plaisir solitaire. Pourquoi pas ? Mon corps attend quelque chose… Voilà… Mon sujet… C’est Onan, celui qui donne son nom à l’onanisme, le personnage biblique, le sensuel. La bible et la sensualité… Les mélanges me stimulent. Onan, c’est le plaisir total, absolu, dans une solitude terrifiante. Derrière cette recherche d’extase solitaire, s’expose la peur du vide, le rien, point de rencontre avec une autre vie, avec la mort. Parfois, le vide emplit mon corps comme un désir de la mort. Le DESIR… Il y a un désir qui vibre en moi, et je cherche depuis longtemps l’endroit précis où ça tremble… C’est peut-être cette onde qui est la source de ma danse. Marguerite Duras, c’est un point de départ. Je ne veux pas danser ses mots. D’ailleurs quand je lis Marguerite Duras, je ne m’attache pas à la narration, à l’histoire, mon corps tremble, j’ai la chair de poule, mes émotions sont fortes, très fortes. Je ressens une énergie puissante sans pouvoir l’expliquer… L’énergie de Marguerite Duras est comme celle d’un animal. Ses mots sont comme des os et des muscles… Je crois que tout son corps entre dans l’écriture… Elle écrit cette phrase : « Il faut fermer les yeux pour voir clairement ». J’ai besoin de voir dedans. C’est important pour moi, les yeux ne sont pas là, posés sur le visage, ils sont creusés dans la tête, retournés dans le corps… C’est le dedans qui doit danser…»

Carlotta IKEDA

Chorégraphie
Collection
Année de réalisation
1998
Année de création
1996
Conseil artistique / Dramaturgie
Stéphane VERITE
Lumières
Eric LOUSTAU-CARRERE
Musique originale
Kamal HAMADACHE
Autre collaboration
Laurent RIEUF (Régie Plateau)
Interprétation
Carlotta IKEDA
Scénographie
Michel BOULANGER
Son
Kamal HAMADACHE (régie)
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