Lumières de la Chine
Heddy Maalem
QuingChu
JiaHao LI
Lumières de la Chine
Heddy Maalem
Deng
Deng Renjie
Dans la robe du sang
Er Ge Yu
Harmonie des trois forces
Deng RENJIE, Huaïli WANG et Changchun MU
La faute de la fleur
Er Ge Yu
Sonata per cinque
Cie YU Er Ge
Une corde sur l’abîme
Changchun Mu
Yanzi
Yanzi Jing
Yue Qi
Yue Chi Da
Yún
Yún Zhang
Yunhan
Yunhan Ren
The empty boat
Heddy Maalem
D’où viennent toutes ces divines beautés
Heddy Maalem
It tolls for thee
Heddy Maalem
You’ll never walk alone
Heddy Maalem
Xian
Heddy Maalem
Ô Solitude
Heddy Maalem
Attente de la flamme qui hésite
Heddy Maalem
Tant que ma main pourra les cordes tendre
Heddy Maalem
Asie, Ligne et Mouvements
Heddy Maalem
HAYATI
Heddy Maalem
Deep Listening
Heddy Maalem
MANTRA
Heddy Maalem
Eleútheros
Heddy Maalem
OKÀN
Qudus Onikeku
L’Oscurità
Heddy Maalem
(S)Wing
Heddy Maalem
Wires
Heddy Maalem
Hostias
Heddy Maalem
In the Distance
Heddy Maalem
Olympe
Heddy Maalem
Aurès
Heddy Maalem
Cantico Espiritual
Heddy Maalem
In the distance
Heddy Maalem
Interview Heddy Maalem, réalisateur
Heddy Maalem
Prière pour Angelos
Heddy Maalem
Radical Hope
Heddy Maalem
Sol
Heddy Maalem
Que ma joie demeure…
Heddy Maalem
Merci pour la danse
Heddy Maalem
Maestro y Aprendiz
Heddy Maalem
Juntas
Heddy Maalem
Hi d Algo
Heddy Maalem
Ad Libitum
Heddy Maalem
Assaï
Heddy Maalem
Regina
Heddy Maalem
Á l’étranger
Heddy Maalem
Jamais l’ombre…
Heddy Maalem
Hombres
Heddy Maalem
Ammis
Heddy Maalem
Camilo
Heddy Maalem
Ghost Dance
Heddy Maalem
Trap
Heddy Maalem
Padre y Hijo
Heddy Maalem
Mère et Fils
Heddy Maalem
Leyda
Heddy Maalem
Cristos
Heddy Maalem
Angeles
Heddy Maalem
An Najwa
Heddy Maalem
Ahogo
Heddy Maalem
Aaliyah
Heddy Maalem
A dentro
Heddy Maalem
Lumières de la Chine
Je filme des danseurs. Je fais leur portrait. Heddy Maalem
Plongée intime dans les images et des textes produits par Heddy Maalem à Chengdu, en Chine, en juin 2024.
À Chengdu, dans l’atmosphère chaude tranquille d’un studio perché au seizième étage d’un immeuble, des danseurs répètent. Sous l’œil attentif d’Heddy Maalem, chorégraphe, réalisateur et voyageur curieux du monde, ils deviennent les protagonistes silencieux d’une aventure artistique.
IMMERSION
Cela fait plusieurs jours maintenant, depuis mon arrivée à Chengdu dans le lointain Sichuan, que j’assiste aux répétions de la compagnie de Er Ge YU, danseuse et chorégraphe reconnue, amie de longue date.
Yanzi et Yùn sont dans le couloir. Elles fument leur cigarette. YueQi, JiaHao et YunHan pour les filles Li et Deng pour les garçons marquent une des scènes de « Strange stories in a chinese studio » la dernière création de Er Ge inspirée du livre éponyme de PU Song Ling, écrivain chinois du 17e.Ces « Chroniques de l’étrange » riches de quelques 500 contes aussi obsessionnels que fantasmatiques pourraient se résumer par cette citation : « Le monde ne manque pas de jolies filles !
Quelle idée de vouloir épouser un spectre ! ». L’adaptation qu’en fait Er Ge, est fantasque, virtuose, sensible, intelligente , un peu dingue et très mouvementée.
Chao Chao le designer, Xing le compositeur, Jie la dramaturge, chacun rencogné contre un mur du studio travaille silencieusement à aider à la construction de l’ensemble.
Er Ge sait qu’elle devra élaguer et raccourcir, repérer les redites, y renoncer, contracter son propos afin qu’il délivre, sur scène, l’impact de son énergie rassemblée.
J’assiste, toujours un peu médusé malgré ma longue habitude, à la métamorphose des corps lorsque l’énergie circule vraiment. On ne fait plus semblant.
Dans la chaleur un peu étouffante du studio, chacun donne le meilleur de lui même sans rien économiser.
Quelle énergie et quelle transfiguration !
Yùn s’étire consciencieusement, sa longue tresse balaie le sol. Les grandes danseuses sont souvent insouciantes de la beauté qui les traverse.
La jolie YueQi s’affaire à petits pas en plaisantant avec JiaHao à l’éblouissant sourire, YunHan tourne un visage à la perfection un peu irréelle vers la nostalgie du ciel sempiternellement gris de Chengdu. Yanzi au visage de chat blague avec Chun Chun qui l’a enrôlée dans ses séances d’abdominaux, Deng s’étire discrètement dans son coin tout en tournant des regards amusés vers les forçats du fitness. Li tapote sur son ordinateur. Je sais qu’il est curieux de tout et surtout, en ce moment, du Tango et comment il pourrait aller rejoindre mon ami tanguero, Camilo, à Cali.
Demain, je commence le tournage avec les danseurs. Nous sommes curieux les uns des autres.
J’essaierai en tout cas, dans la lumière abondante et un peu grisâtre de la grande baie vitrée qui ouvre sur la monstruosité infinie des gratte-ciels de Chengdu.
Je suis environné de vingt millions d’autres qui vaquent dans l’indifférence absolue à ce qui se trame dans ce studio où, comme un peu partout dans le monde, femmes et hommes, jeunes pour la plupart, éprouvent la nécessité de dire avec le corps quelquechose de leur humaine condition que les mots échouent à prononcer.
PORTRAITS
Je pense aux portraits du Fayoum, à leur beauté frontale, à ce « regard des morts » dont la pulsion de vie nous atteint au travers des siècles.
Comme les millions de pixels de ma caméra pèsent peu comparés à la force intacte de l’encaustique et du lin, des dorures et de la cire d’abeille, du bois de figuier sycomore! Qu’importe, je fais le geste parce que tel est mon désir et ma nécessité.Que me diront-ils demain? Feront-ils don de leur intime vérité ?
Ou bien m’offriront-ils le mensonge de leur plus beau masque ?Il faudra être là et tout prendre, saisir au vol la vraie grâce du moment.