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Thématiques

La danse traditionnelle polonaise

En Pologne, la culture des danses traditionnelles a été entretenue : elles continuent d’être transmises aujourd’hui. Ce parcours permet de faire une visite entre ces différentes danses.

Auteur

Introduction

Les changements sociaux qui ont eu lieu en Pologne dans la seconde moitié du xxe siècle ont entraîné la disparition de nombreux styles de danse traditionnelle ainsi que de leurs fonctions d’origine. Malgré des modifications dues aux changements de modes et de tendances, les danses traditionnelles ont survécu en tant que danses de cérémonie ou de danses sociales jusqu’aux années 1950-1980. Plus tard, le phénomène de la nouvelle danse a gagné en popularité grâce aux enregistrements sonores, aux films, à la télévision et à la radio ; la danse traditionnelle s’est alors retrouvée en marge de la culture populaire. Elles s’avèrent toutefois assez importantes pour de nombreux cercles pour qu’ils leur donnent de nouvelles significations et fonctions, souvent symboliques, et qu’elles continuent à être pratiquées encore aujourd’hui.

Description

1. Danses traditionnelles 

On ne connaît pas grand-chose sur l’histoire de la danse traditionnelle sur le territoire polonais jusqu’à la fin du xviiie siècle. Seuls les écrits des documentalistes du xixe ont permis de révéler la diversité des danses rurales de tout le territoire de la Pologne actuelle. Les danses polonaises les plus typiques étaient les danses rencontrées dans le bassin supérieur et intermédiaire de la Vistule, respectivement dans la Petite-Pologne (Małopolska) et dans la Mazovie (Mazowsze). Le reste du territoire était fier de certaines danses en particulier, bien souvent empruntées à ses voisins : Allemands, Tchèques, Slovaques, Ukrainiens, Biélorusses et Lituaniens. De nombreuses références sont également faites encore aujourd’hui aux cultures de la danse ashkénaze et rrom. 

Malgré des modifications dues aux changements de modes et de tendances, les danses traditionnelles ont survécu en tant que danses de cérémonie ou de danses sociales jusqu’aux années 1950-1980 (elles perdurent encore aujourd’hui dans certaines enclaves plus isolées). Plus tard, le phénomène de la nouvelle danse a gagné en popularité grâce aux enregistrements sonores, aux films, à la télévision et à la radio ; la danse traditionnelle s’est alors retrouvée en marge de la culture populaire. Elle reste naturellement ancrée dans la mémoire des plus vieux habitants des villes et villages polonais. Une des vidéos présentées est un enregistrement amateur réalisé par Andrzej Bieńkowski en 1986 qui présente des personnes dansant la mazurka (mesure 3/8) dans une maison traditionnelle du centre de la Pologne, au son du violon et d’un tambour sur cadre. Cette danse est composée d’éléments spécifiques (pas, coups de pied, penchés, changements de sens de rotation, petits sauts), mais n’a jamais été dansée comme une chorégraphie préconçue : le choix est laissé à la créativité du danseur. C’est un trait caractéristique de la plupart des danses traditionnelles polonaises. 

2. La danse traditionnelle sur la scène de ballet 

La danse a été interprétée dans des expositions, des écoles et même sur les scènes de la cour au moins depuis le xvie siècle. Pourtant, ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du xviiie qu’ont émergé en Pologne, des ballets paysans ou des opérettes comportant des intermèdes de ballet dans lesquels apparaissaient des danses locales. La seule production de la sorte encore présentée de nos jours est le Singspiel Cud mniemany czyli Krakowiacy i Górale (Le supposé miracle, ou Cracoviens et Górali). Jusqu’aux années 1920, Le supposé miracle…, tout comme le ballet Wesele krakowskie w Ojcowie (Mariage cracovien à Ojców) inspiré du Singspiel et le ballet Pan Twardowski (Maître Twardowski) qui se base sur la légende d’un sorcier du xvie siècle, étaient les spectacles les plus populaires mettant en scène de la danse folklorique. Harnasie de Karol Szymanowski, un compositeur appréciant le folklore musical des górali (montagnards) polonais, a marqué un tournant. La chorégraphie de ce ballet et mime cherche à traduire l’idée de liberté et de non-conformité qui caractérise ces guerriers des montagnes. Mis en scène pour la première fois à Prague en 1935, ce spectacle doit sa célébrité à la production de Serge Lifar, en 1936. Dévoilé en Pologne en 1938, il a été repris plus d’une vingtaine de fois depuis, et reste une des productions polonaises les plus importantes inspirées des danses rurales.

Une des principales œuvres inspirées des danses traditionnelles des montagnes est Krzesany (1979) de l’éminent artiste polonais Conrad Drzewiecki, mise en musique en 1974 par Wojciech Kilar.

Widowisko taneczne Harnasie (Spectacle de danse Harnasie), chorégraphié par Kaya Kołodziejczyk, est un exemple contemporain du genre. En dehors de l’Harnasie d’origine, la chorégraphe s’est inspirée de Krzesany et a fait de son œuvre une pièce de danse contemporaine. Le spectacle rassemble des représentants des principaux cercles de danse de Pologne, des Górali de la région de Podhale et… des pratiquants du parkour, qui représentent les qualités des bandits des montagnes : robustes, libres et tranquilles. 

3. Des danses traditionnelles tirées à quatre épingles

Depuis les années 1840, on a assisté au développement dynamique des théâtres folkloriques, aux côtés des théâtres municipaux. Leurs créateurs pensaient que chaque spectacle devait allier du chant et des danses folkloriques réinterprétées. 

À l’aube du xxe siècle, le concept a été adopté par des compagnies d’amateurs qui ont adapté pour la scène les danses traditionnelles de leur région. Ces spectacles sont devenus très populaires à l’entre-deux-guerres et au milieu du xxe siècle. Un nouveau concept a toutefois vu le jour, dès 1934, grâce au Ballet polonais de Parnell, récompensé en 1936 de la médaille d’or des Tanzolimpiade de Berlin. La compagnie mélangeait des éléments de la danse traditionnelle, classique et expressionniste, ainsi que le grotesque et des acrobaties. La formule a alors été adoptée par des compagnies telles que le Ballet polonais de Bronislava Nijinska et, après la Seconde Guerre Mondiale, les groupes folkloriques nationaux « Mazowsze » et « Śląsk ». 

Fondé en 1953, « Śląsk » (Silésie) interprète un style de danse mis en place par sa chorégraphe Elwira Kamińska. Ses chorégraphies, opposées à un fond musical proche de la symphonie, font appel à de grands groupes de danseurs, à des éléments typiques de la danse traditionnelle, exagérés (particulièrement des gestes et des pas décoratifs) et intègrent des éléments acrobatiques et d’autres mouvements créés par la chorégraphe pour surprendre le public. 

Les groupes professionnels « Mazowsze » et « Śląsk », sont tous deux souvent pris en référence par quelques centaines de compagnies d’amateurs exerçant en Pologne, dont le style de danse, même s’il est plus simple, représente la même approche des danses folkloriques d’origine. Les groupes sont généralement actifs internationalement dans des organisations comme le Conseil International des Organisations de Festivals de Folklore et d’Arts Traditionnels (CIOFF®) ou l’Internationale Organisation für Volkskunst (IOV – Comité international des arts et traditions populaires).

4. Les danses traditionnelles aujourd’hui

Les bals d’aujourd’hui, traditionnellement organisés pour les étudiants du secondaire cent jours avant leur examen de fin d’année, débutent par tous les participants qui dansent ensemble la polonaise. Cette tradition remonte au xviiie siècle et fait suite à la traditionnelle ouverture des bals avec la polonaise, danse populaire à la cour polonaise et parmi la noblesse, ainsi qu’aux spectacles de danse organisés dans les écoles à cette époque. Le plus intéressant est que la chorégraphie de la polonaise du bal de fin d’année est de plus en plus souvent créée par les étudiants. Pour eux, participer à cette danse est un signe de maturité, voire même un honneur. 

Au début du xxe siècle, les danses populaires parmi la bourgeoisie et la noblesse polonaises du xviiie et du xixe, et considérées comme des danses nationales (la polonaise, la mazur, la cracovienne, l’oberek, la kujawiak) ont commencé à devenir démodées. Dans les années 1960, Jadwiga Hryniewiecka a soulevé l’idée intéressante de les interpréter comme des danses de salon. Ce concept a été repris par Marian Wieczysty une dizaine d’années plus tard, et associé aux concours de danse. Actuellement, la Pologne peut se targuer de quelques milliers de danseurs licenciés participant à plus d’une douzaine de tournois. Le programme comprend quatre danses nationales : la cracovienne, la kujawiak, la mazur et l’oberek. Il existe également des concours de danse en groupe. Le style des danses s’inspire des modèles de la fin du xixe siècle, même si des différences en termes de costumes et de forme de compétition incitent les participants à rechercher de nouvelles solutions parmi les pas et approches codifiés. 

5. Tentatives de raviver et de rétablir la danse traditionnelle

Le dernier développement de la danse a été conduit par les « maisons de danse », inspirées du mouvement hongrois táncház, démarré au début des années 1970, lorsque l’intelligentsia et la jeunesse hongroises se rendaient en Transylvanie pour prendre des leçons de danse, de musique et de chant auprès des locaux. Ils ont rapporté les expériences vécues dans les villes de Hongrie. En Pologne, la même recette a été mise en place en 1994 par un groupe de passionnés de folklore de Varsovie et des alentours. Au fil du temps, des groupes similaires ont émergé à Poznań, Cracovie, Wrocław, Gdańsk, Łódź, Toruń, Olsztyn et dans quelques villes plus petites. Ils ont fondé et font fonctionner désormais des maisons de danse (domy tańca) dans leurs villes ainsi que des clubs de danse à la campagne. Le mouvement n’est pas très répandu (il rassemble environ deux mille participants au total), mais très actif. L’objectif caché est d’apprendre directement des maîtres de danse et de musique locaux en participant à des fêtes de danse et à des rassemblements sociaux. Une nouvelle tendance émerge maintenant de ce contexte : des tentatives de formuler une méthodologie d’enseignement des danses traditionnelles dans leur forme inaltérée. 

Crédits

Sélection des extraits : Tomasz Nowak, PhD

Textes : Tomasz Nowak, PhD

Production : IMit (Institute of Music and Dance)

Le Parcours « La danse traditionnelle polonaise » a pu voir le jour et a été traduit grâce au soutien du projet European Video Dance Heritage, soutenu par le programme Culture de l’Union européenne. 

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