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Insaisies
Dominique Bagouet
F. et Stein
Dominique Bagouet
Via
Régine Chopinot
Déserts d’amour
Dominique Bagouet
10 minutes d’écoute musicale
Michel Kelemenis
Nouvelle galerie
Michel Kelemenis
Le Crawl de Lucien, première représentation
Dominique Bagouet
Rosas danst Rosas
Anne Teresa De Keersmaeker
Le Défilé
Régine Chopinot
Le saut de l’ange
Dominique Bagouet
Opal Loop
Trisha Brown
Watermotor
Trisha Brown
Assaï
Dominique Bagouet
Mama, Monday, Sunday or Always
Mathilde Monnier , Jean-François Duroure
Le Printemps
Catherine Diverrès
Plaisir d’offrir
Michel Kelemenis
KOK
Régine Chopinot
Sinfonia Eroica
Michèle Anne De Mey
Red room
Bill T. Jones
D-Man in the waters
Bill T. Jones
Pour Antigone
CN D – Centre national de la danse
Façade, un divertissement
Régine Chopinot
Necesito, pièce pour Grenade
Dominique Bagouet
Zoulous, pingouins et autres indiens
Dominique Bagouet
Chinoiserie
CN D – Centre national de la danse
Nuit
CN D – Centre national de la danse
Still-Here
Bill T. Jones
Caminos Andaluces
Cristina Hoyos
Fruits
Catherine Diverrès
Assaï
Dominique Bagouet
Arrêtez, arrêtons, arrête
CN D – Centre national de la danse
1997 MK 13
Michel Kelemenis
Les lieux de là
Mathilde Monnier
(À ma mère) La fiancée aux yeux de bois
Karine Saporta
herses (une lente introduction)
Boris Charmatz
Pour Antigone
CN D – Centre national de la danse
Aatt enen tionon
Boris Charmatz
Aatt enen tionon
Boris Charmatz
À bras le corps
Boris Charmatz , Dimitri Chamblas
Les Disparates
Boris Charmatz , Dimitri Chamblas
Fureurs
Joëlle Bouvier
Triton
Philippe Decouflé
Fase
Anne Teresa De Keersmaeker
Paradis
Dominique Hervieu , José Montalvo
Hibiki
Ushio Amagatsu
Daddy, I’ve seen this piece six times before and I still don’t know why they’re hurting eachother
Robyn Orlin
RainForest
Merce Cunningham
Petite mort
Jiří Kylián
Sechs Tänze
Jiří Kylián
Voltes
Catherine Diverrès
Faits et gestes, voir ci-après [transmission 2016]
CN D – Centre national de la danse
El Trilogy
Trisha Brown
Young people, old voices
Raimund Hoghe
Two thousand and three
Gilles Jobin
Douar [teaser]
Kader Attou
La place du singe
CN D – Centre national de la danse
Swan Lake
Raimund Hoghe
Swan Lake
Raimund Hoghe
Swan Lake
Raimund Hoghe
Park de 1998 à aujourd’hui [extrait 1]
Claudia Triozzi
Park de 1998 à aujourd’hui [extrait 2]
Claudia Triozzi
The Family Tree
Claudia Triozzi
Quintette cercle
Boris Charmatz
Hell
Pieter C. Scholten , Emio Greco
Double Deux
Gilles Jobin
Ha! Ha!
Maguy Marin
2008 vallée
CN D – Centre national de la danse
Régi
Raimund Hoghe , Boris Charmatz
b.c, janvier 1545, fontainebleau.
Christian Rizzo
Tempo 76
CN D – Centre national de la danse
Une danse blanche avec Eliane
Sylvie Giron , Dominique Bagouet
We must eat our suckers with the wrapper on… Variation #1
Robyn Orlin
Good Boy
Alain Buffard
Les inconsolés
Alain Buffard
O.C.C.C.
Régine Chopinot
Miroku
Saburo Teshigawara
Chez Rosette
Kettly Noël
Bolero Variations
Raimund Hoghe
Gustavia
CN D – Centre national de la danse
Madame Plaza
Bouchra Ouizguen
Ciao Bella
Herman Diephuis
Manta
Éric Lamoureux , Héla Fattoumi
Sans Titre
Raimund Hoghe
El cielo de tu boca
Andrés Marin
Gnosis
Akram Khan
Si je meurs laissez le balcon ouvert
Maison de la danse
Symfonia Piesni Załosnych
Kader Attou
Hora
Ohad Naharin
Soapéra
CN D – Centre national de la danse
Soapéra
CN D – Centre national de la danse
Roaratorio [Extrait 2 minutes]
Merce Cunningham
Roaratorio [extrait 32 minutes]
Merce Cunningham
Pâquerette
Cecilia Bengolea , François Chaignaud
Sylphides
Cecilia Bengolea , François Chaignaud
Improvisation
Boris Charmatz
Pudique Acide-Recréation
Mathilde Monnier , Jean-François Duroure
Extasis
Mathilde Monnier , Jean-François Duroure
Extasis
CN D – Centre national de la danse
Extasis
Mathilde Monnier , Jean-François Duroure
Sacre
David Wampach
Pléiades
Alban Richard
Project 5
Ohad Naharin
Big Mouth
Niv Sheinfeld , Oren Laor
Covariance
Niv Sheinfeld , Oren Laor
Brilliant Corners
Maison de la danse , Montpellier Danse
Score
Yuval Pick
Metropolis – Gaga
Ohad Naharin
Yo Gee Ti
Mourad Merzouki
Käfig Brasil
Mourad Merzouki
Boxe Boxe
Mourad Merzouki
Hiya
Brahim Bouchelaghem
twin paradox
CN D – Centre national de la danse
Tuétano [extrait]
Andrés Marin
I’m going to toss my arms, if you catch them they’re yours
Trisha Brown
I’m going to toss my arms, if you catch them they’re yours
Trisha Brown
Думи мої – Dumy Moyi
François Chaignaud
May B (2016)
Maguy Marin
Objets Re-Trouvés
Mathilde Monnier
enfant
Boris Charmatz
Flag
Maison de la danse
Flat/grand délit
Yann Lheureux
Resin
Alonzo King
BiT
Maguy Marin
And so you see… our honourable blue sky and ever enduring sun… can only be consumed slice by slice…
Robyn Orlin
Du désir d’horizons
Salia Sanou
Yātrā
Andrés Marin , Kader Attou
Savušun
Sorour Darabi
Alexandre
Pol Pi
d’après une histoire vraie
Christian Rizzo
Performance pour 27 chaussures
Olivier Saillard
Fruits
Pièce pour dix danseurs créée au festival Montpellier Danse 1996, « Fruits » s’inspire d’un poème de Friedrich Hölderlin dont elle tire son titre…
Pièce pour dix danseurs créée au festival Montpellier Danse 1996, « Fruits » s’inspire d’un poème de Friedrich Hölderlin dont elle tire son titre – « Les fruits sont mûrs » – qui évoque à la chorégraphe « à la fois un côté sensuel et charnel et la présence du cycle de la mort » : « La sensualité est présente dans la vie, précise-t-elle. Mais un fruit peut être pourri. Qui dit chair dit décomposition. » [1]
« Les fruits sont mûrs, baignés de feu, cuisants,
Et goûtés sur la terre ; une Loi veut
Que tout se glisse comme des serpents au cœur des choses,
Prophétique, rêvant sur
Les collines du ciel. Et il y a beaucoup
(Comme aux épaules, une
Charge de bois bûché)
A maintenir. Mais perfides
Sont les sentiers. Oui, hors du droit chemin,
Comme des coursiers, s’emportent les Eléments
Captifs et les antiques
Lois de la Terre. Et sans cesse un désir vers ce qui
N’est point
Lié s’élance. Il y a beaucoup à maintenir. Il faut être fidèle.
Mais nous ne regarderons point devant nous, ni
Derrière, nous laissant bercer comme
Dans une tremblante barque de la mer. » [2]
Imaginée à son retour d’ex-Yougoslavie, « Fruits » est conçue avec la complicité du scénographe Daniel Jeanneteau – collaborateur bien identifié de Claude Régy – revenant lui-même de Beyrouth. Tous deux sont habités par les images des paysages de destruction qu’ils ont rencontrés. C’est lui qui soumet le poème d’Hölderlin à C. Diverrès : « Je suis tombée en arrêt sur le poème. Je trouvais que c’était vraiment une matrice pour créer. » [3] Elle précise ailleurs la lecture qu’elle en fait : « Le texte évoque la fuite des choses et la manière de retenir les instants qui passent. La pièce parlera donc du temps. Mais le poème comme la pièce évoque également la violence des éléments dans la nature et la violence récurrente dans l’homme. » [4]
Inspiré d’une guerre sans nom, « Fruits » a pour sujet la rage de détruire exprimée par des mouvements souvent violents. Objet central de la scénographie, une grille métallique monumentale (huit mètres sur quinze) traverse la cage de scène dans toute sa hauteur et sa longueur. En acier usé, elle évoque une grille trouée de balles qu’habite la présence singulière d’une poule. Erigée au milieu du plateau pendant la première heure de la pièce, elle suscite un enjeu scénique autant que politique : « comment la danse peut-elle réussir à se dégager de cette pesanteur ? », « comment la danse va-t-elle arriver à lézarder ce mur invisible et nuisible ? » Avec « Tauride » (1992) et « Ces poussières » (1993), « Fruits » est en effet l’une des pièces de Catherine Diverrès le plus en rapport avec l’actualité. Les interviews sont autant d’occasions pour la chorégraphe d’exprimer son engagement intellectuel et politique en danse.
Un programme parle d’une « danse au goût de cendres » [5] non sans raison : la pièce se déroule en effet « sur les poussières d’un sol calciné, sombre étendue qui nous amène à remonter le temps et oblige à l’éveil » confirme Irène Filiberti [6]. Daniel Jeanneteau s’est inspiré d’une photo de Beyrouth sinistrée pour concevoir « un sol très pauvre, très noir », une matière que la chorégraphe a souhaitée mêlée de détritus, « avec des objets ocres qui donnent une impression d’écorces d’arbre » [7]. Ainsi en parle-t-il :
« Se méfier des complaisances, des images
Sol de boue, Jeanne au bûcher, or liquide
Finalement le granité de verniculite, mou, danser avec cela.
Sol dangereux, inconfortable. Les détritus, les fientes de pigeon, l’abandon, la mort. » [8]
D’une durée de deux heures, la pièce est interprétée par dix danseurs de diverses nationalités (Allemagne, Autriche, Brésil, Etats-Unis, France, Italie) dont seulement deux – Fabrice Dasse, intégré à la compagnie depuis 1992, et Cécile Loyer, depuis 1994 – ont déjà participé à des créations de la chorégraphe installée à Rennes depuis deux ans. Il est à souligner que c’est également la première pièce dans laquelle Catherine Diverrès ne s’implique pas en tant qu’interprète. Constatant que les corps de cette équipe renouvellée, plus jeunes que ceux qu’elle travaillait jusqu’alors, ne comportent aucune douleur, elle emploie leur légèreté à compenser la gravité de la pièce.
Lors du Festival Montpellier-Danse, la création de « Fruits » est accueillie par « une volée de bois vert » pour reprendre les mots de la critique Dominique Frétard. Injustement selon elle. A ceux qui lui reprochent sa gravité, sa violence, sa durée, la critique rétorque : « “Fruits” est une brûlure. Une grande réussite esthétique. Archaïque, violente, proche du sacrifice, de l’offrande, peuplée de créatures somnambuliques, qui interprètent le pire comme en dormant, la danse de Catherine Diverrès ne pouvait se métamorphoser qu’en donnant du temps au mouvement, qu’en l’étirant. (…) Ces deux heures sont nécessaires pour que le mouvement, souvent violent, se détache des corps, se dilue dans l’espace. La violence ainsi devient la forme même de la pièce. Elle est partout, impalpable, embusquée. Le corps est à la fois présent et ailleurs, parfois totalement immobile. “Fruits” est d’une sophistication toxique. (…) Dans “Fruits”, c’est sa propre violence que la chorégraphe s’est arrachée du corps. Pour la première fois, elle ne danse pas. Elle regarde ses danseurs, tous nouveaux, venus du monde entier, élégants, dépecer son âme sur scène. » [9]
Une publication du Centre chorégraphique de Rennes, éditée avec la participation de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), viendra compléter cette création. Les étapes du processus de création y sont décrites, généreusement illustrées des clichés de la photographe israélienne Lee Yanor.
Claire Delcroix
[1] C. Diverrès citée dans Delphine Goater, « Diverrès l’insoumise », Les Saisons de la danse, juin 1996, n° 281.
[2] F. Hölderlin, Poèmes isolés, in « Hölderlin Œuvres », Bibliothèque de la Pléiade, éd. Gallimard, traduit par Jean Tardieu, Philippe Jaccottet et Gustave Roud.
[3] C. Diverrès, « L’espace, les forces », in « Fruits », éditions Lansman, p. 65.
[4] C. Diverrès citée dans D. Goater, ibid.
[5] Programme de la Comédie de Caen, janvier 1997, n° 330.
[6] Feuille de salle du Théâtre de la Ville, 26-30 novembre 1996.
[7] C. Diverrès,« L’espace, les forces », in « Fruits », éditions Lansman, p. 65.
[8] D. Jeanneteau, notes d’entretien, juin 1996. Cité dans « Fruits », éditions Lansman, p. 51.
[9] D. Frétard, « Montpellier-danse célèbre les seventies et tient à l’écart la création actuelle », Le Monde, 2 juillet 1996.
dernière mise à jour : juin 2014