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Il doit sa vocation d’artiste à ses parents : un père policier  aujourd’hui décédé issu du peuple tsonga et une mère institutrice issue  du peuple zoulou. «A la maison, les tâches ménagères étaient  inversées entre mon père et ma mère, ce qui est encore proscrit dans les  townships. J’ai eu la chance de vivre une enfance favorisée dans un  quartier défavorisé, résume-t-il. Ma mère m’emmenait tout le temps au théâtre et au cinéma. Le film Cinema Paradiso de  Giuseppe Tornatore a tout déclenché, j’ai tout de suite voulu être le  personnage du film et c’est à partir de ce moment que j’ai su que je  serais acteur, et non policier à mon tour comme l’aurait voulu la  coutume.»

C’est durant ses études d’art dramatique à l’université du Witwatersrand qu’Albert Khoza, jeune garçon «extrêmement timide et secret», développe ses engagements. Là-bas, il rejette l’enseignement trop eurocentré «où  l’on privilégiait toujours les noms de Jacques Lecoq ou de Trisha Brown  sans nous dire quoi que ce soit de nos traditions artistiques  africaines». Il apprend aussi à braver cette homophobie «intégrée par les Sud-Africains dès la plus tendre enfance sans que le gouvernement entende lutter par l’éducation» – les homosexuels sont protégés par la loi mais encore largement discriminés en Afrique du Sud.

Un combat qui passe aussi par l’affirmation de ce look de fashionista  mystique qu’il détaille devant nous : lunettes de vue façon secrétaire  Mad Men, rouge à lèvres noir des zoulous, coiffe tribale, os de chèvre  aux poignets, «l’outil des guérisseurs». Et sur les doigts  d’une seule main : une fourchette, une cuillère et un boulon de voiture,  montés en trois bagues, symboles de sa grand-mère, de sa mère et de son  père. « C’est pour rester toujours connecté à ma famille. »

Source : Libération ; « Albert Khoza, pop-chamane de Johannesburg » Par Ève Beauvallet — 3 novembre 2016

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