Maïa Plissetskaïa
Née en 1925 à Moscou, décédée en 2015 à Munich.
Après des études à l’École de danse de Moscou, notamment avec E. Guerdt et M. Leontieva, elle danse au Bolchoï à partir de 1943. Son élévation, ses lignes allongées, ses bras fluides semblent d’emblée la prédestiner aux rôles lyriques. Elle en décide cependant autrement : elle obtient ses premiers succès dans des variations, telle la variation aux sauts dans le dernier acte de Don Quichotte et celles de la fée Automne dans Cendrillon (1945) où elle fait preuve d’un sens dramatique inattendu. Elle danse ensuite tous les grands classiques (Raymonda, Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant), cherchant une interprétation moins convenue des rôles qu’elle incarne. Elle donne une version plus angoissée de La Mort du cygne. Dans les années 1960, les ballets dramatiques de Y. Grigorovitch se prêtent assez bien à cette recherche d’un style personnel : elle danse ainsi avec un immense succès l’énigmatique Maîtresse de la montagne de cuivre (La Fleur de Pierre) et la tragique Mekhmene-Banhu (La Légende d’amour). Aspirant à plus de liberté, défiant les conventions surannées, elle invite A. Alonso à monter Carmen-suite au Bolchoï et s’attire ainsi le mécontentement des autorités qui jugent ce ballet d’un modernisme excessif. Elle persiste cependant, et R. Chtchedrine (devenu son mari) compose pour elle des partitions qu’elle monte elle-même (Anna Karénine, 1972 ; La Mouette, 1980 ; La Dame au petit chien, 1986), collaborant aussi avec des chorégraphes français : R. Petit (La Rose malade, 1973), M. Béjart (Isadora, 1976 ; Léda, 1979 ; Kurozuka, 1995), G. Caciuleanu (La Folle de Chaillot, 1992). Maîtresse de ballet à Rome (1983-1984) et Madrid (1988-1990), elle quitte définitivement le Bolchoï en 1990. Dans les années 1990, elle continue à se produire sur scène, soit dans des spectacles de danse soit dans des shows, quelquefois même des défilés de mode (en 1997 pour Pierre Cardin qui signe souvent les costumes de ses ballets). En 1994, elle fonde le Concours Maïa à Saint-Pétersbourg. Interprète du rôle de la princesse Betsy dans le film de fiction Anna Karenina (1968, réal. Alexandre Zarkhi), coréalisatrice de La Poésie de la danse (1977, avec A. Tafel), film pour la télévision consacré à Isadora et Boléro de M. Béjart, elle est l’auteur de mémoires, Moi, Maïa Plissetskaïa (Moscou, 1994, trad. française, Gallimard, Paris, 1995).
Source : Elisabeth Souritz, Dictionnaire de la danse, sous la direction de Philippe Le Moal, Larousse, 2008
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