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Wrapped
Un rayon de soleil venu d’Israël. Poésie, humour, tendresse, esprit, imagination sont au programme de la chorégraphe Inbal Pinto.
Parmi les chorégraphes invités en France pour la Saison Israélienne, il en fallait bien un pour traiter par l’humour la dure réalité d’Israël aujourd’hui. Et Inbal Pinto a peut-être une bonne raison pour épingler avec désinvolture ses personnages atypiques, entre BD et dessin animé, s’attardant plus sur l’intangible nature humaine que sur ses particularismes géographiques. Sa mère est d’origine polonaise et son père, sépharade, est issu d’une famille installée depuis neuf générations sur une terre qui n’est israélienne que depuis cinquante ans… Ce qui lui donne une certaine assise et un recul évident. Aussi peut-elle affirmer d’une voix calme : « Mes créations sont optimistes et différentes de la réalité quotidienne parce que j’ai envie de donner autre chose à voir. » Autre chose que la sempiternelle confrontation avec les interdits imposés par les ultrareligieux. Sauf que, par le biais de l’humour, elle malmène allégrement l’image stéréotypée des rapports entre hommes et femmes.
Dans Wrapped, le quotidien est magnifié ou ridiculisé par l’agrandissement dont il est l’objet : verticale outrageante du papier peint qui absorbe les personnages, coiffures à la Fifi-brin-d’acier (mal) accordées aux redoutables talons aiguilles des filles, grimaces et bruits de bouche soumis à l’arbitraire d’un rythme qui tient lieu de langage, fausse complicité et vraie rivalité… Le paradoxe d’une existence accrochée au perpétuel déséquilibre des forces surgit sans emphase : il n’est que la conséquence d’un regard acéré, tempéré par la tendresse, l’empathie et une indécrottable volonté de libérer le regard et de dévoiler, dans le même mouvement, des couleurs insoupçonnées et des accords imprévus.
Source : Fabienne Arvers in Les Inrockuptibles ; Festival d’Automne à Paris