Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
Ushio Amagatsu, éléments de doctrine
Juin 1993 : Ushio Amagatsu et ses danseurs répètent « Graine de cumquat », pièce-fétiche de la compagnie, créée en 1978, qui relate l’initiation au monde d’un petit garçon japonais.
Au Japon, le blanc est la couleur du deuil. Les danseurs de butô s’enduisent le corps de poudre blanche et la poétisation de l’espace qui caractérise les pièces de la compagnie Sankai Juku est comme un cadavre exquis, au sens littéral du terme. Pour Amagatsu, fondateur de la compagnie, la danse butô est à la fois vie et mort.
Juin 1993 : Ushio Amagatsu et ses danseurs répètent « Graine de cumquat », pièce-fétiche de la compagnie, créée en 1978, qui relate l’initiation au monde d’un petit garçon japonais. André S. Labarthe et Alain Plagne ont suivi ces répétitions et interrogé le chorégraphe. L’oeuvre d’Amagatsu, axée sur la mort, la souffrance et la cruauté humaine, s’inscrit dans le prolongement des origines du butô, aux lendemains d’Hiroshima. Et même s’il estime sa compagnie moins morbide que celle d’Hijikata, fondateur du butô, ses exigences esthétiques requièrent de la part de ses danseurs une vraie capacité de concentration et d’équilibre. Un film très esthétique sur une compagnie qui ne l’est pas moins.
Source : Fabienne Arvers
Le geste dans le souvenir, vers l’envers.
Il existe une espèce de poisson qui, dans une première phase de sa vie, naît mâle. Puis, ses organes masculins dégénèrent, et il se métamorphose en femelle. C’est pour cela qu’à l’origine mâle et femelle ne faisaient qu’un. On dit que ce mâle et cette femelle ont copulé et donnent naissance à un œuf. C’est une histoire bizarre ! Au cours de sa vie, ce poisson a donc l’expérience d’être successivement mâle et femelle. Les origines de l’homme se trouvent chez le poisson. Jadis, les poissons vinrent sur la terre et commencèrent à vivre. On sait qu’un spectacle a un début et une fin. Quand on trace un cercle avec un compas, il y a un point de départ et une fin. Quand le cercle est terminé, ces deux points se confondent et une forme apparaît.
Kinkan shonen (Graine de cumquat) évoque le rêve d’un jeune garçon sur les origines de la vie et de la mort. Cet enfant droit debout au bord de la plage laisse son regard plonger sous la surface de l’océan pour y fusionner avec les poissons, stade primitif de l’humanité. Les poissons séchés qui constituent le décors servent d’écrin vital aux danseurs, tous le crâne rasé, tous le corps poudré, glissant hors de leur gangue pour une mue violemment perturbante.