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Unetsu, des œufs debouts par curiosité
Au bord d’une étendue d’eau rectangulaire, quatre danseurs de butô au corps d’albâtre emmailloté dans de la soie exécutent un sabbat immobile et précieux. Magiciens d’un autre monde, ils vénèrent de gros oeufs en suspension qui renvoient aux formes lisses et oblongues de leur crânes. Un long poème visuel sur la notion d’origine tandis que tombent des cintres des filets d’eau et de sable.
Le butô (danse des ténèbres) est un mouvement fondé par Kazuo Ohno et Tatsumi Hijikata au début des années 1960 en réaction aux formes séculaires de la danse japonaise. Dans une esthétique « post-nucléaire », nourrie de littérature européenne (Bataille, Michaux, Artaud), il produisit des spectacles provoquants et torturés où le corps des danseurs, comme tordu par la mémoire collective traumatisée, stigmatise le cataclysme. Plusieurs groupes naquirent et le butô connut un rayonnement dans le monde entier, alors même qu’au Japon il restait une discipline peu appréciée. Le groupe Sankaï Juku, fondé en 1976, fait partie d’une branche plus esthétisante de ce mouvement, associant des techniques scénographiques de pointe aux thèmes mystiques de l’orient ancestral.
Source : Patrick Bossatti