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Une île de danse
Fruit de la rencontre entre le chorégraphe Yvann Alexandre et la réalisatrice Doria Belanger, Une île de danse est un voyage sensoriel au cœur du mouvement dansé. Nourri par trente ans de création et les rencontres qui les ont portées, mêlant pièces de répertoire et conversations dansées, le film dresse autant le portrait d’un créateur que d’une communauté artistique, et de l’énergie qui en émane. Des bords de Loire aux toits de Tunis, en passant par les forêts enneigées du Québec, c’est tout un espace-temps aussi organique qu’humaniste qui se dessine sous nos yeux. Une ode à la rencontre, au lâcher-prise et à l’aventure collective, dans laquelle la danse, en s’affranchissant de la parole, invente un nouveau langage.
Note d’intention d’Yvann Alexandre
À l’invitation d’Yvann Alexandre, Une Île de danse a pour colonne vertébrale une généalogie recomposée qui réunit dans des conversations de corps au temps présent Brigitte Asselineau, Louis Barreau, Selim Ben Safia, Rita Cioffi, Amala Dianor, Stéphane Imbert, Aëla Labbé, Mickaël Phelippeau, Harold Rhéaume, Alban Richard, Ambra Senatore et Loïc Touzé. La complicité humaine et artistique, les liens et les parcours, sont le coeur de cette création, et dont le pouls battant questionne : Qui sommes-nous réunis ?
Deux processus artistiques irriguent la création.
Des conversations entre chorégraphes qui ont un lien soit de création, soit de transmission ou simplement le désir d’être réunis par leurs parcours humains respectifs. Ces temps partagés ouvrent un champ sensible et imprévu : pas à pas improvisé, partage du geste, marches, élans, et autant d’intimes captés qui vont naître de l’instant. Aucun dialogue verbal ne constitue ces conversations qui seront celles de regards, de mains, de peau, de pieds et de souffles.
En parallèle des conversations entre les chorégraphes, Une île de danse voit le répertoire d’Yvann Alexandre réinterprété et réinvesti par une dizaine d’artistes chorégraphiques co-choisis par Doria Belanger et Yvann Alexandre, et issus de leurs univers. Un répertoire transmis volontairement sans repères scénographiques, sans costumes ou musiques, et au profit du sens du mouvement seul. Les interprètes vont faire répertoire et faire création, en laissant le temps présent, le corps d’aujourd’hui, dialoguer avec les danses d’hier. Demain est avant tout une chorégraphie qui s’ignore.
Une île de danse n’est ni une célébration, ni un florilège à voir, et encore moins une simple captation de gestes, mais bien un voyage dans le vivant, une création au coeur d’une expérience d’Êtres et de corps au temps présent.
De lieux de cœur en lieux traversés par la compagnie durant 30 ANS DE DANSE !, les lieux de tournage d’Une île de danse sont convoqués comme des écrins et des bulles propices au dialogue, et non comme les étendards d’un récit du répertoire de la compagnie yvann alexandre. C’est en extérieur que le tournage va s’opérer dans sa grande majorité, au cœur de paysages où les artistes invités ne se sont jamais retrouvés en simultané. Des lieux vierges, en somme, de toute rencontre artistique.
“Sur la plage de Sauveterre en Vendée où Amélie Grand courrait et dansait, sur les toits du Triangle où je me posais avec le directeur Christian Druart pour regarder un des quartiers de Rennes en 360°, aux recoins des ardoisières à Saint-Barthélemy- d’Anjou, dans le bleu de Tunis ou le blanc du Québec, je me suis dit que nous nous étions toutes et tous rencontrés dans des halls de théâtre, des lieux ou des studios de danse, mais jamais je n’ai pris la main d’un invité au bord de l’océan ou regardé la montagne enneigée avec Harold, … Ce sont ces moments que je vais proposer à Doria Belanger de révéler”
Ay, nov. 2021
Note d’intention de Doria Belanger
En mars 2022, je suis contactée par Yvann qui est à la recherche d’un réalisateur avec qui collaborer sur un film de danse. Nous ne nous connaissons pas encore, sommes peu familiers de nos travaux respectifs… et pourtant la «rencontre» a lieu. La rencontre… qui est au cœur de ce film. Ouverture à l’autre, lâcher-prise et don de soi – pour dessiner ensemble un nouveau territoire.
Initialement formée à la danse et à la chorégraphie, je cherche en tant que réalisatrice à m’émanciper du texte dit et de la narration imposée par le scénario de cinéma afin de toucher, émouvoir, faire réfléchir, dans ce langage universel qu’est la danse, le corps dansant, en mouvement. Mon approche se veut naturelle, sans artifice, au service de l’émotion provoquée par le mouvement. Et je pense que c’est ce qui a plu à Yvann : la possibilité de se détacher de son œuvre et en quelque sorte la confier – l’offrir – à quelqu’un. Il lui fallait donc derrière la caméra une personne qui saisisse pleinement les enjeux du mouvement et qui soit fondamentalement à l’écoute des corps.
Ce qui de mon côté m’a frappé dans l’approche d’Yvann, c’est que quand bien même son désir était de créer un film sur son territoire et autour de son œuvre, il ne souhaitait pas un film sur lui mais véritablement sur la rencontre. L’aventurière anglaise Felicity Aston après avoir traversé en solitaire l’Antarctique pendant 59 jours déclarait ceci : “J’existe dans « l’espace » entre moi et les autres”. C’est précisément ce que nous avons cherché à filmer ici.
Au final, Une île de danse se donne à voir comme un voyage sensoriel mêlant corps dansants et matière organique, qui transporte le spectateur dans les arcanes de la création et de la psyché d’un créateur, son île rêvée, où tout s’invente et se réinvente.