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Uncles and Angels
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« Dans la tradition sud-africaine, la Danse du Roseau célèbre le respect des jeunes femmes et la préservation de la virginité avant le mariage. Après une interruption au milieu du siècle dernier, l’apparition du sida a relancé cette coutume à partir des années 1980. Aujourd’hui, cette cérémonie est même devenue une attraction touristique très prisée, notamment en Afrique du Sud et au Swaziland.
Partant de cette tradition, « Uncles & Angels » interroge la validité d’un interdit qui, prenant pour prétexte la pandémie liée au sida, fait peser une lourde contrainte sur les jeunes filles africaines. Face à un événement annuel rassemblant plus de 30 000 jeunes filles zouloues dont les costumes dévoilent largement les formes physiques, Nelisiwe Xaba voit surtout dans cette manifestation un moyen d’exacerber la violence sexuelle – chaque année, des danseuses sont agressées ou violées. Avec la complicité du vidéaste Mocke J van Veuren, elle montre dans ce spectacle comment un héritage culturel peut être manipulé au point d’en subvertir totalement la portée. Jouant grâce aux effets vidéo sur la juxtaposition de différentes temporalités, Nelisiwe Xaba réinterprète des mouvements de la Danse du Roseau mêlés à des simulations de tests de virginité envisagés comme les rêves ou les cauchemars d’une jeune fille. »
Source : extrait du dossier de presse du Festival d’Automne à Paris, 2013
Extrait de programme
« Il y a une caméra qui filme la danseuse en direct. Après, grâce au logiciel Isadora, nous pouvons démultiplier les personnages. La technologie nous permet de filmer en direct tout en projetant autre chose sur l’écran. Nous étions aussi intéressés par les possibilités de multiplier et de répéter, ce qui nous permet d’explorer des dynamiques de groupes participant à un rituel ; que ce soit en faisant partie du groupe ou en se tenant à l’extérieur. Comme beaucoup de ces rituels sont le fait de groupes, la multiplication et la répétition deviennent un élément important non seulement de la performance, mais aussi de l’apprentissage. » Source : extrait du dossier de presse du Festival d’Automne à Paris, 2013
Extraits de presse
« Je questionne aussi la façon dont certains hommes utilisent la confiance que les femmes et les enfants leur accordent pour les contraindre à des activités visant à satisfaire leur plaisir sexuel. D’ailleurs ce sont souvent des personnes proches, comme les « oncles », par exemple, qui abusent des femmes. » [Nelisiwe Xaba] rappelle au passage le procès pour viol en 2005 du président actuel, Jacob Zuma, que l’une de ses victimes considérait comme un « oncle ». Dans son solo, elle met face à face des femmes angéliques et des oncles prédateurs. »
Rosita Boisseau, « La « nation arc-en-ciel » se danse en Blancs et Noirs », Le Monde, 10 septembre 2013.
« La rage de Nelisiwe Xaba est rentrée mais intacte. Elle précise que l’Afrique du Sud a l’un des plus forts taux de viol au monde. « Et, bien souvent, on ne se soucie pas de la victime, la femme. Dans un autre solo, Scars and Cigarettes, je me suis intéressée au rite de passage à l’âge adulte chez l’homme. Je questionna la façon dont les garçons sont élevés. On se réfère à ce qu’il y avait avant. Je ne me souviens pas du temps où nous étions libéraux. » La chorégraphe parle encore de cette résistance au changement qu’elle ressent autour d’elle. Et devine que ce retour à la tradition est un retour à la religion. « Notre Histoire n’est pas toute écrite. Il y a de grands doutes. Mon rôle d’artiste n’est pas tant de donner des solutions que de dire : peut-on juste en parler ? » ».
Philippe Noisette, Les Inrockuptibles, dans le supplément consacré au Festival d’Automne à Paris, 11 septembre 2013.
Plus d’informations
Elisabeth Schäfer, « Taking-Untaking », Scores, n° 4, mars 2014, p. 57-61 (téléchargeable sur le site de Tanzquartier – Vienne)
Dernière mise à jour : octobre 2013