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Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
Tuétano [extrait]
Andrès Marin a été invité au festival Montpellier Danse 2012 pour présenter son spectacle Tuétano.
Avec son corps en lame de couteau, ses extrémités fines, son impatiente violence, on l’a comparé à Picasso. Parfois même à Miró. Pas étonnant. Loin de tous les clichés et de toutes les évidences, Andrés Marín livre une danse acérée, exigeante et sans concession. Son style n’a rien de folkloriste, ni même d’un flamenco retravaillé pour la scène. Andrés Marín est à la racine même de cette danse. Immémorielle et contemporaine. Comme s’il charriait dans ses gestes toute la mémoire d’un voyage qui n’en finit pas.
Sa danse nous entraîne dans les méandres de sa pensée, comme s’il l’inventait là où le portent ses pas surgis de nulle part. Là est l’essence du flamenco, sa “substantifique moëlle” comme on le dit chez nous, “tuétano” chez lui. Choisissant les meilleurs artistes musiciens, chanteurs comme partenaires, Andrés Marín sait transir le spectateur. Jusqu’aux os. Là où le “son noir” du cantaor résonne,
là où le rythme effréné des talons rince l’âme. Il sait faire apparaître l’esthétique à la fois sombre et presque minimale d’un flamenco des origines, incandescent, à la sensualité obscure.
Accompagné par Concha Vargas, cette femme pleine qui taille l’ombre à coup de jarret, qui se cabre comme on soulèverait la mer, Andrés Marín invite le spectateur à plonger dans le mystère du Duende, à vivre la passion flamenca comme pour la première fois.
Agnès Izrine