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Toujours mort, encore vivant

Chorégraphie
Année de réalisation
2012
Année de création
2012

Kô Murobushi (1947-2015) est l’une des grandes figures du butô. Fidèle à l’esprit de Tatsumi Hijikata dont il a été le disciple, il aborde tout geste comme un double mouvement de mort et de renaissance.

Kô Murobushi (1947-2015) est l’une des grandes figures du butô. Fidèle à l’esprit de Tatsumi Hijikata dont il a été le disciple, il aborde tout geste comme un double mouvement de mort et de renaissance. Richard Frank fait entendre l’intériorité du danseur, ses interrogations et ses souffrances en filmant une série de propositions dans des environnements différents : son studio de répétitions, la rue la nuit, ou en interaction avec la nature.

Dans Toujours mort, enfin vivant, plusieurs partis pris esthétiques entrent en résonance avec la voie singulière empruntée par Kô Murobushi : fixité de longs plans séquences ou lenteur des mouvements de caméra, surgissement de façon abrupte d’archives visuelles et sonores, parfois directement dans le plan, quand un écran posé sur la plage ou dans un square décharge des traumatismes du siècle passé. Tout en ébauchant le portrait de l’artiste au travail, Frank tente d’approcher ce que Murobushi expérimente au plus profond de lui-même, sur le fil d’un voyage entre la vie et la mort. La voix du danseur qui vient recouvrir quelques plans parachève la construction à la fois complexe et minimaliste du film. « J’ai toujours dansé en tendant vers le plus extrême dépouillement. Je me suis approprié le dehors. » Ces mots s’incarnent pleinement à l’image lorsque Murobushi, rampant sur le sable ou s’accrochant à la roche pour recevoir la pluie, renaît pour faire corps avec la nature.

Source : Damien Truchot

Tatsumi HIJIKATA, [YONEYAMA Kunio dit] (1928-1986).

Danseur et chorégraphe japonais.

Né à Akita (Tôhoku), au nord du Japon, il se forme à la danse moderne à partir de 1947 avec Katsuko Masumura, un élève de T.Eguchi. En 1952, il s’installe à Tokyo où il étudie plusieurs formes de danse : ballet moderne avec Mitsuko Audo à l’Unique Ballet Theater, compagnie pour laquelle il danse en 1954, danse jazz, danses de société, danse espagnole. À la fin des années 1950, il entame une collaboration étroite avec K.Ôno qu’il a vu se produire dès 1949 et dont la danse l’a alors fortement impressionné. Avec le fils de ce dernier, Yoshito Ôno, il crée et danse en 1959 Kinjiki [les Amours interdites], pièce considérée comme l’acte de naissance du butô. Plaçant tout d’abord leur collaboration sous l’intitulé Dance Experience, ils adoptent en 1961 l’appellation Ankoku Butô Ha [École du butô noir] pour désigner le groupe ouvert qui se forme autour d’eux, avant que Hijikata ne constitue en 1970 une compagnie plus formelle sous le nom de Hangidaitôkan [Danse du corps consummé]. En 1972, Hijikata crée Shikino tameno 27 ban [27 Nuits pour les quatre saisons], spectacle inaugural de la technique et de l’esthétique nouvelle qu’il développe et qu’il dénomme « Tôhoku kabuki » (en référence à sa région d’origine). Après Shizuka na ié [La Maison calme] (1973), dernière des ses œuvres dans laquelle il danse, il se concentre sur la chorégraphie, paraissant toutefois encore la même année dans Yôbutsushin Tan [Histoire du dieu du phallus] d’A.Maro. De 1974 à 1976, il signe seize pièces données dans son studio et lieu de spectacle Asubesuto Kan [la Maison d’Asbesto], toutes créées pour la danseuse Yôko Ashikawa. C’est aussi elle qui dansera, en 1978, Yami no Maihime Jûnitai [les Douze Phases de la danse des ténèbres de la princesse] au festival d’Automne à Paris, première présentation du travail de Hijikata hors du Japon. Suit une période moins active durant laquelle il met en scène Watashi no okasan [Ma mère] pour Ôno en 1981 et publie en 1983 Yameru Maihime [Princesse dansante souffrant d’une maladie]. Il meurt alors qu’il prépare Tôhoku Kabuki Project 1-4 pour l’inauguration du Ginza Saison Theater.

Son travail se caractérise par une résistance au modernisme, tout particulièrement à la surenchère qui le caractérise : là où le modernisme s’attache à mettre en valeur le « plus », le « mieux », Hijikata explore le « moins », le « moindre » ; à la quête de la force, il substitue celle de la faiblesse ; à l’expansion, il préfère la rétraction. Dans les années 1960, entouré des écrivains Yukio Mishima et Tatsuhiko Shibusawa, du plasticien Natsuyuki Nakanishi et du photographe Eikô Hosoe, il puise son inspiration dans la littérature française (J.Genet, Lautréamont, Sade) et le surréalisme, abordant l’érotisme, la violence et les tabous de la société moderne. Il systématise ensuite ses idées et les techniques du butô dans les années 1970 à travers sa collaboration avec Yôko Ashikawa : partant de l’idée que la chair est dépositaire d’une mémoire personnelle tout autant que d’une mémoire collective, il se tourne alors de plus en plus vers des références japonaises, explorant en particulier les gestes de la vie quotidienne des années 1920 et 1930 dans le Tôhoku, sa région d’origine. C’est à partir de là qu’apparaissent les éléments caractéristiques de la technique butô : ganimata [jambes arquées] et teboké [mains déliquescentes] qui résultent du déplacement du centre de gravité vers le bas, forme embryonnaire qui concentre l’énergie vers l’intérieur du corps, caractéristiques que Hijikata rassemble à la fin de sa vie sous la notion de suijakutai [corps débilité]. Il met également au point le butô fu [notation du butô], transcription du système de mémorisation transmis de bouche à oreille entre disciples qui repose sur un ensemble d’images et de poèmes provoquant le mouvement à partir d’un dialogue avec le maître. Hormis Yôko Ashikawa, parmi les principaux disciples de Hijikata figurent Mitsutaka Ishii, Tomiko Takai, Kôichi Tamano, Natsu Nakajima, Yukio Waguri, Saga Kobayashi.

(Source : Dictionnaire de la danse, Larousse, 1999)

Le butō

Le butō est une danse née au Japon dans les années 1960. Cette « danse du corps obscur » s’inscrit en rupture avec les arts vivants traditionnels du nô et du kabuki, qui semblent impuissants à exprimer des problématiques nouvelles. Né en réaction aux traumatismes laissés par la Seconde Guerre mondiale, le butō est fondé par Tatsumi Hijikata (1928-1986), avec lequel collabora Kazuo Ōno (1906-2010). Le terme japonais butō (舞踏) est composé de deux idéogrammes ; le premier, bu, signifie « danser » et le second, tō, « taper au sol ». Il désigne depuis le xixe siècle les danses étrangères importées au sein de l’archipel. À sa naissance, le butō a été nourri par les avant-gardes artistiques européennes (parmi lesquelles l’expressionnisme allemand, le surréalisme, la littérature des écrivains maudits d’Occident, etc.)

Pour plus d’informations sur le sujet :

_GREINERChristine, Du corps mort vers la vie : le butō selon Hijikata ; in Ebisu, n°40-41, 2008.

http://www.persee.fr/docAsPDF/ebisu_13403656_2008_num_40_1_1528.pdf

_PAGES Sylviane, 2012, Au risque de l’intime : le butô, une poètique de l’intime in Repères cahiers de la danse, avril 2012, n°29, p32. 

Chorégraphie
Année de réalisation
2012
Année de création
2012
Direction artistique / Conception
Richard Frank (réalisation)
Durée
50′
Production de l'œuvre vidéo
Atopic, Groupe Galactica, Vosges Télévision, Groupe TLSP. Participation : CNC, Procirep, Angoa
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