Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
Toujours mort, encore vivant
Kô Murobushi (1947-2015) est l’une des grandes figures du butô. Fidèle à l’esprit de Tatsumi Hijikata dont il a été le disciple, il aborde tout geste comme un double mouvement de mort et de renaissance.
Kô Murobushi (1947-2015) est l’une des grandes figures du butô. Fidèle à l’esprit de Tatsumi Hijikata dont il a été le disciple, il aborde tout geste comme un double mouvement de mort et de renaissance. Richard Frank fait entendre l’intériorité du danseur, ses interrogations et ses souffrances en filmant une série de propositions dans des environnements différents : son studio de répétitions, la rue la nuit, ou en interaction avec la nature.
Dans Toujours mort, enfin vivant, plusieurs partis pris esthétiques entrent en résonance avec la voie singulière empruntée par Kô Murobushi : fixité de longs plans séquences ou lenteur des mouvements de caméra, surgissement de façon abrupte d’archives visuelles et sonores, parfois directement dans le plan, quand un écran posé sur la plage ou dans un square décharge des traumatismes du siècle passé. Tout en ébauchant le portrait de l’artiste au travail, Frank tente d’approcher ce que Murobushi expérimente au plus profond de lui-même, sur le fil d’un voyage entre la vie et la mort. La voix du danseur qui vient recouvrir quelques plans parachève la construction à la fois complexe et minimaliste du film. « J’ai toujours dansé en tendant vers le plus extrême dépouillement. Je me suis approprié le dehors. » Ces mots s’incarnent pleinement à l’image lorsque Murobushi, rampant sur le sable ou s’accrochant à la roche pour recevoir la pluie, renaît pour faire corps avec la nature.
Source : Damien Truchot