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Totemic Studies
« Que serait mon Totem alors que la fin du monde nous est annoncée comme inéluctable ? Comment déplacer la définition habituelle de cette pratique dans ma propre perspective ? Une vieille tradition voit dans tout solo un souci d’auto-portrait, sujet du lien tendu entre un individu et une communauté de spectateurs.»
Dans Totemic Studies, Matthieu Barbin s’emploie à tordre la dialectique du regardant et du regardé et à pointer la violence de ce rituel. En maniant une multiplicité de procédés de compositions et en exploitant à la fois leurs aspects fonctionnelles et leurs capacités hétérotopiques, il actionne son millefeuille de représentations. Textes fleuves, réflexions sur l’exercice du solo, ultra-présence physique, et manipulations artisanales sont autant d’outils dont il se sert pour embrasser et déconstruire les catégories de sa visibilité. « Prenez, ceci est mon corps. » Il ne s’agira que de ça. Sur-exposer un corps variant inlassablement entre grotesque et assiduité face à la tâche qui lui incombe. Un corps contraint aussi, à manipuler une multitude d’outils pour trouver la ou les figures aux travers desquelles il pourra s’identifier. Il se livre ainsi à un jeu de recouvrement et de dévoilement des strates qui constituent l’être social et performatif, puis finit par se moquer de lui-même. Car il s’agit aussi de parler de ce rituel parfois absurde, jamais sans conséquences, d’un être qui se donne en spectacle, qui convoque un auditoire, un espace, une situation puis cherche à s’en extraire. Glissant entre l’abstraction et l’érotisation, Matthieu Barbin se fait objet et sujet, totem et tabou, miroir et bain révélateur de son époque.
Source : programme du CND