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Swim one
Succédant à « Appel d’air » (1981), « Swim one » – pièce à l’humour léger distançant « Simone » (1982), de quelques consonnes et de quelques brasses – met en scène des danseurs en maillot dans une ambiance rétro-glamour de BD, accompagnés de musique live (basse et saxophone) évoquant une atmosphère aquatique.
Rien de surprenant à retrouver Régine Chopinot aux prises avec l’élément marin au cœur de cette pièce de jeunesse, créée à l’occasion du Festival d’été de Seine Maritime à Rouen en juillet 1982. Après « Reflux » et « L’Origine des poissons » datant de l’époque de la Compagnie du Grèbe (1979) mais bien des années avant son travail immergé dans le Pacifique Sud avec le Wetr (2011-2012), la destinée de Chopinot semble liée à la mer. Née à Fort-de-l’eau en Algérie, elle raconte comment là-bas, enfant, sa grand-mère la prenait sur ses genoux pour lui faire observer la mer et ses reflets au soleil pendant des heures. De ces heures d’observation serait né un lien secret, l’amenant à la tête du CCN de La Rochelle, au port de Toulon face à l’Algérie de son enfance, ou encore en Nouvelle-Calédonie, baignant au milieu du Pacifique Sud. L’eau est structurante pour Régine Chopinot : elle s’en inspire dans sa force et dans son insatisfaction perpétuelle. « L’eau, c’est tout ce que l’on ne peut pas nommer, attraper » – un peu à son image reconnaît-elle –, « c’est courir le plus vite possible, pour ne pas se satisfaire de ce que l’on trouve (…) faire des trous dans ses certitudes. » [1]
Rien d’étonnant non plus à retrouver ici son éternelle complice et compagne de jeu, Michèle Prélonge, sa sœur cadette, qui a dû elle aussi bénéficier de l’initiation de son aïeule. À ses côtés, Philippe Decouflé apparaît pour l’une des premières fois, compagnon emblématique des premières années de Régine Chopinot qui la suivra jusqu’à « Délices ».
A en croire les propos de Jean Paul Gaultier, enfant terrible de la mode de ce début de décennie, c’est « Swim one » qui le séduira et déclenchera une étroite collaboration des deux artistes sur de nombreuses pièces jusqu’à aujourd’hui : « A tout instant, la fonction et le sens des choses sont susceptibles d’être inversés ou transmutés. (…) L’apparence ne fixe aucune identité. Ses signes passent sur l’écran des corps tels un miroitement de surface, un précipité de clichés qui s’entre-détruisent par télescopage. » [2]
[1] A. Suquet, « Chopinot », Le Mans : Ed. Cénomane, 2010, p. 34.
[2] R. Chopinot, dans un entretien filmé avec A. Suquet, réalisation : Centre national de la danse, 2012.
Dernière mise à jour : février 2013