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Sutra
C’est en Chine, à l’ombre des montagnes célestes, que Sidi Larbi Cherkaoui a forgé les paysages imaginaires de Sutra: un spectacle unique pour dix-neuf moines bouddhistes experts en arts martiaux dont trois enfants, et lui-même.
Fasciné dans sa jeunesse par l’agilité et la maîtrise corporelle de Bruce Lee, le chorégraphe a décidé de se rapprocher des moines Shaolin et de les mettre en scène dans un spectacle où danse et arts martiaux se mélangent et se complètent jusqu’à devenir indissociables. Sur scène, 17 moines bouddhistes du temple Shaolin enchaînent, avec brio, des éléments de tai-chi, de kung fu et de danse contemporaine. Sidi Larbi Cherkaoui explore de nouvelles terres. Il a conçu cette pièce comme un rêve d’enfant passionné d’arts martiaux. Il est, pour l’occasion, accompagné du sculpteur Antony Gormley, qui a conçu une scénographie-décor très étonnante. Cette pièce de danse, à la fois profondément hypnotique, ludique et sportive, met en jeu une belle confrontation entre l’Occident et l’Orient et interroge à la fois sur le conflit des générations et des cultures et sur notre vision du monde et de l’autre.
Sutra est une forme de journal de voyage, qui a mené Sidi Larbi Cherkaoui vers l’une des sources de son inspiration, le temple Shaolin en Chine, berceau du kung-fu, lieu mythique où l’on croise le fantôme de Bruce Lee et l’une des pensées du corps les plus élaborées au monde, la spiritualité monacale et la pratique des arts martiaux. Travaillant sur place au monastère de Henan, Sidi Larbi Cherkaoui a recherché une double initiation : il reçoit gestes, rituels, rythmes et intuitions des moines du temple Shaolin, tout en leur proposant un cadre chorégraphique contemporain, fait d’autres dispositions des corps, d’autres vitesses, d’autres musicalités. Cet échange, replacé sur le plateau d’un spectacle, ressemble à l’apprentissage d’une nouvelle langue, écrite entre Orient et Occident, qui respecte la tradition du kung-fu et lui apporte un point de vue original. Comme s’il s’agissait de se replacer aux origines d’un art qui est aussi un mode de vie. C’est le corps et son énergie, maîtrisée, libérée, vitale, animale, qui animent la scène de Sutra, où dix-sept moines Shaolin entourent Sidi Larbi Cherkaoui dans une chorégraphie qui fuit la reconstitution folklorique pour mieux réinventer une philosophie de la vie à travers ses vitesses et ses pauses, ses éclats et ses retraits, sa vivacité apparente et son relâchement intérieur, son inspiration animalière et ses élans spirituels. L’artiste anglais Antony Gormley compose la part visuelle et scénographique de cet univers, tandis que le musicien polonais Szymon Brzóska travaille à sa révélation la plus intime, entre rythme impulsif et sagesse mélancolique. Dans cette étrange zone, où les corps font feu de tout bois tout en préservant les pouvoirs apaisants de la méditation, s’écrit une grammaire physique faite de tradition et de modernité, de matière et d’imaginaire, qui cherche à construire un passage entre une civilisation et les regards qui la découvrent : cette traversée initiatique qui mène à la beauté du geste.
source : programme la Comédie de Clermont-Ferrand