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Suspiria
L’image du bonimenteur renvoie à celui qui use des illusions de la parole pour faire croire, séduire ou persuader. Mais c’était aussi, aux premiers temps du cinéma, la personne chargée d’expliquer le film en direct ; à l’époque du muet, cette voix live était garante du récit, « donnant accès à ce monde imaginaire que les images animées font naître devant ses yeux ». Acteur, ventriloque, danseur, marionnettiste, Jonathan Capdevielle est un bonimenteur en puissance – usant des artifices de la voix pour donner chair aux images. Avec Arthur Bartlett Gillette et Jennifer Hutt tels des guides au royaume des ombres, ces bonimenteurs contemporains se fondent dans l’image, la redoublent, la décrivent de l’intérieur. Les deux films choisis pour cette plongée spectrale mobilisent deux types de rapport à l’image et à ses vertiges : dans Spetters (1980) de Paul Verhoeven, l’urgence vitale et la violence de la jeunesse se répercutent dans les corps, tandis que Suspira (1977) nous plonge dans les fantasmagories angoissantes de Dario Argento. À la frontière de la fiction et du commentaire, de l’incarnation et de l’explication, ces bonimenteurs nous transmettent quelque chose du fluide mystérieux qui traverse ces films.
source : programme du CND