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Solides
Créée en 2004, « Solides (à propos des fondamentaux de la danse contemporaine) » est une proposition de Catherine Diverrès située entre spectacle et conférence et consacrée aux clefs de la danse contemporaine.
« Solides (à propos des fondamentaux de la danse contemporaine) » est une proposition de Catherine Diverrès, située entre spectacle et conférence, imaginée pour 8 danseurs et présentée en novembre 2004 dans le cadre du festival Mettre en scène organisé par le Théâtre national de Bretagne de Rennes (TNBR).
Conformément à ce que son sous-titre laisse sous-entendre, cette pièce s’attelle à décrypter la danse contemporaine par les éléments qui la caractérisent dans une succession de douze tableaux thématiques : temps, espace, formes, dynamique, aléatoire, poids, danse libre, objets, ma, minimalisme, expressionnisme, happening. Associés aux mots de grandes figures de chorégraphes, ces paramètres sont tour à tour mis en gestes et en espace.
Catherine Diverrès expose ses intentions dans des notes de 2003 : « L’idée est que cette proposition soit une travail de recherche collectif mis en forme par un regard et traversé par les mots de quelques grandes figures de chorégraphes qui ont marqué les ruptures, les avancées, dans cette aventure humaine et esthétique qu’est la danse contemporaine. Qu’est-ce que la danse contemporaine, non, mais quels sont les évènements qui constituent le tuilage physique, spatial, gestuel de ce langage ; une forme pédagogique peut-être, mais poétique surtout, loin de la performance car structurée par la rigueur du sujet. Un voyage donc, réel dans le temps, une traversée comme toute création, aussi petite soit-elle. » (C. Diverrès, programme du TNB pour « Solides », du 13 au 16 décembre 2005). Un petit livret pédagogique rédigé par le critique Gérard Mayen accompagne le spectacle.
Au-delà d’un exercice didactique, Catherine Diverrès interroge : « Que reste-t-il aujourd’hui de pertinent et d’actif au sein de la production chorégraphique d’œuvres aux esthétiques si différentes ? » Pour celle qui s’est positionnée à rebours de la mode américaine des années 1980 pour aller suivre l’enseignement de Kazuo Ohno au Japon, « Solides » est aussi un bilan des avant-gardes : « Solides ouvre une parenthèse dans ce parcours de guerrière. La chorégraphe s’accorde une pause pour s’interroger sur les fondamentaux qui ont structuré la danse contemporaine. Que reste-t-il d’un siècle de rupture avec le ballet classique ? Qu’en reste-t-il de pertinent, d’irréversible ? »
Voulu pour « aller au plus près du public » comme le formule la chorégraphe, le dispositif scénique de « Solides » imaginé par Laurent Peduzzi se veut léger et ludique : un plateau bordé par un tableau d’ardoise sur lequel les danseurs consignent à la craie les clefs qu’ils délivrent progressivement dans une logique cumulative.
« Solides » connaît une large diffusion depuis sa création en 2004 jusqu’en 2007. En l’adaptant en allemand, en italien et en espagnol, sa portée universelle est affirmée et confirme l’orientation européenne déjà impulsée par le CCNRB avec « San » et « Cantieri ».
En 2014, la pièce est reprise par une équipe de danseurs réduite à 7 dont seule Kathleen Reynolds subsiste de la distribution originale. Une déclinaison en « Petits solides », conçue comme un atelier de pratique autour des fondamentaux de la danse contemporaine proposée aux plus jeunes et aux familles accompagne cette reprise.
Claire Delcroix, mars 2016