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Sexe symbole (pour approfondir le sens du terme)
Enregistré au CND le 5 juin 2015
Pétrir la terre, creuser un trou ce sont des activités aussi originelles que l’étreinte, que le coït : on se trompe en y voyant seulement des symboles sexuels; le trou, le visqueux, l’entaille, la dureté, l’intégrité sont des réalités premières; l’intérêt que l’homme leur porte n’est pas dicté par la libido mais plutôt la libido sera colorée par la manière dont elles se sont découvertes à lui.
Simone de Beauvoir
L’origine du mot sexe (sexus, secare) c’est la division, la première catégorisation binaire du langage, le début de la hiérarchie d’une chose par rapport à l’autre.
Le symbole est une union. Il a pour fonction de construire un pont entre un objet et des représentations.
Il nous a semblé évident de réunir l’étude des sensations de nos corps et l’étude de l’expression de nos corps. Nous nous sommes placés à la fois comme observateur et acteur de nous-mêmes. Puisque nous ne sommes pas soit des corps soit des individus, nous avons tenté d’approcher en même temps matière, sensation et émotion. Nous faisons bouger nos corps jusqu’à ce que ce soit eux qui nous fassent bouger.
Sexe symbole se plaît à ne pas différencier le corps et soi, la sensation et l’expression, l’origine et la fin. D’ailleurs, qu’est-ce qui est arrivé en premier : l’œuf ou la poule ?
Madeleine Fournier et Jonas Chéreau
Jonas et Madeleine travaillent ensemble depuis 2008. Ils ont cosigné en 2011 Les Interprètes ne sont pas à la hauteur, une pièce dans laquelle ils ont imaginé ce que pourraient être des danses macabres, genre pictural et sculptural très populaire à l’époque médiévale mais dont on ne connaît aucune transposition sur scène. Cette recherche, menée avec un goût certain pour le burlesque, les a conduits à associer le résultat de leurs investigations à leur savoir-faire en danse contemporaine dans un travail d’écriture chorégraphique exigeant.
Sexe symbole (pour approfondir le sens du terme) est leur deuxième pièce ensemble. Le projet de Madeleine et Jonas est de traiter de la binarité du langage. Ils représentent cette opposition par le costume, l’une toute nue, l’autre tout habillé. La différence de costume devenant alors une métaphore de la différence sexuelle. Avec humour, les deux complices discutent les catégories comme le lisse et le rêche, le chaud et le froid, jusqu’à se « mélanger » en échangeant leurs vêtements ce qui va avoir pour effet de les entraîner dans une sorte de danse libératoire et jubilatoire.
Mise à jour juin 2016