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San
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« San » est présenté pour la première fois au public en mars 2010 lors du FNB Dance Umbrella (Johannesburg). Dans cette pièce qui porte le nom du peuple aborigène des plaines sud-africaines, Vincent Mantsoe dénonce l’oppression subie par cette population au temps du colonialisme et de l’apartheid en utilisant un langage chorégraphique et musical revendiqués traditionnels.
Le chorégraphe dont c’est la deuxième pièce de groupe avec sa compagnie l’Association Noa – Cie Vincent Mantsoe introduit sa démarche par ce texte reproduit dans les feuilles de salle :
« La pièce s’inspire des San, ces aborigènes, cueilleurs-chasseurs des plaines de l’Afrique du Sud – connus sous le nom de Bushmen – vivant dans le désert du Kalahari. La danse, prolongeant le voyage et l’esprit des San, pointe l’oppression dont ils font l’objet depuis des siècles, leur lente et immuable expulsion de terres reprises par des exploitations fermières et minières, jusqu’à leur confinement dans le désert. Les San ont été réduits au silence, harcelés, torturés, et ont enduré les horreurs du génocide. Réinventant le voyage des San, la pièce interroge notre capacité à nous adapter au cheminement du temps et aux autres.
Le poète perse du XIIe siècle, né en Afghanistan, Mawlana Jalal Ad-din Balkhi Rumi, a inspiré la composition musicale, « La passion de Rumi », exécutée au kamanech (violon), au barbat (luth à manche court), au târ (luth à manche long), au daf (tambour). Shahram Nazeri, chanteur iranien populaire et maître des répertoires de musique persane classique et soufi, est accompagné au luth par son père, Hafez Nazeri. Il n’est pas nécessaire de comprendre ce qui se dit pour apprécier l’émotion, l’invitation au voyage et à une certaine célébration mystique qu’ils parviennent à nous transmettre. Née au XIe siècle, la musique persane traditionnelle s’est imprégnée d’influences musicales rencontrées le long de la route de la soie (Turquie, Pakistan, Ouzbékistan, Sénégal, Mali), et il est assez concevable qu’elle ait été quelque part en contact avec la culture musicale des San.
La musique constitue un élément clef de la chorégraphie, qui cherche à en traduire sensiblement la poésie et la dimension spatiale, à travers l’épaisseur des corps dansants. Dans leur travail d’interprétation, les danseurs ont donc porté une grande attention à la simplicité et à la précision du rythme, et répondu à la mélancolie de la musique. Ces cinq danseurs issus de cultures différentes ont été poussés à s’entremêler, à travailler sur la qualité de leur écoute et de leur relation.
La pièce est construite à partir de plusieurs combinaisons au cours desquelles chaque danseur, en relation constante avec les autres, exprime son périple intérieur. Chacun de ces voyages semble amener les danseurs à la fin de leur parcours, avant qu’un autre interprète ne prenne le relais et ne parcoure ce même chemin.
Entre simplicité et raffinement, “San” propose une réflexion sur la tolérance, l’adaptation aux temps et l’ouverture sur l’inconnu.»
Notes de création
« Lors de la création, mon travail initial avec ces danseurs issus de différentes cultures a été de les pousser à s’entremêler, à travailler sur la qualité et l’écoute de leur relation. Leur maturité, leurs connaissances et leur disponibilité dans ce temps de création nous ont permis de construire avec aisance le chemin chorégraphique le plus court dans les dialogues avec l’autre.
J’ai construit cette pièce autour de plusieurs combinaisons, dans lesquelles les danseurs explorent leur propre itinéraire, leurs propres découvertes. Ces différents voyages sont accompagnés par les autres un à un jusqu’à leur terme, avant qu’un autre danseur prenne le relais.
La construction de ces périples intérieurs s’est faite avec l’omniprésence d’une composition persane du musicien Sharham Nazeri invitant au voyage et à une certaine célébration mystique. Les danseurs dans leur travail d’interprétation ont porté une grande attention à la précision et à la simplicité du rythme, les corps vivent et vibrent sur la mélancolie de la musique. Cette relation entre simplicité et raffinement a été la ligne directrice de ma démarche chorégraphique sur “San” »
Source : Vincent Mantsoe, dossier de diffusion pour « San », 2010-2011
dernière mise à jour : février 2014