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Saint-Georges à Aulnay

Chorégraphie
Réalisation
Régine Chopinot
Année de réalisation
1991
Année de création
1991

Créé les 8 et 9 novembre 1991 à La Coursive de La Rochelle, « Saint-Georges » est une pièce de groupe inspirée des recherches de l’historien d’art Jurgis Baltrusaitis (1903-1988) sur l’art roman menées dans les années 1930. Ses dessins reprenant les ornements sculptés des édifices romans séduisent Régine Chopinot qui les découvre à l’occasion de la création d’« ANA » (1990) et de l’étude des travaux de l’érudit lituanien sur l’anamorphose. S’intégrant dans le répertoire du Centre chorégraphique de La Rochelle qu’elle occupe depuis 1986, cette pièce est affichée par la chorégraphe comme un retour aux salles de spectacle de moindre envergure après les tournées de superproductions de « Rossignol », « KOK » et « ANA » qui ne trouvaient que des gymnases ou des palais des sports pour accueillir l’ampleur de leur dispositif scénique.

« Dans son ouvrage « Formations, déformations : la stylistique ornementale dans la sculpture romane », J. Baltrusaitis tente un rapprochement entre l’ornement monumental roman et le geste originel » [1]. Régine Chopinot s’empare de ces réflexions sur la vie des formes en en retenant « le rythme, l’horreur du vide et la métamorphose du sujet » [2]. Sur une représentation en mosaïque de St Georges combattant le dragon recouvrant le plateau imaginée par Zinn Atmane, douze interprètes esquissent ainsi en solo, duo, trio ou ensemble, les mouvements à l’origine des formes capturées dans la sculpture romane, sur une composition sonore naturaliste signée André Serré (bruits de source et d’animaux) entrecoupée de musique vocale interprétée par l’Ensemble Mora Vocis. Les éclairages de Gérard Boucher viennent en appui des costumes colorés de Jean Paul Gaultier pour opérer la « dissolution des frontières – entre l’animal et l’humain, les règnes et les espèces » [3] fomentée par les vides interstitiels à l’oeuvre dans la sculpture romane.

Quatre séquences sont à identifier dans ce spectacle d’une durée d’un peu plus d’une heure, comme les introduit Régine Chopinot dans le dossier de création de la pièce :
« Le gisant “n’a qu’un œil blanc” habite son cadre, les pieds en dedans, le nombril africain tandis que l’homme acrobate rentre comme il peut dans le carré : le corps se déforme aux besoins du fonds — Solo
L’ornement, tel une frise, court, circule, s’entrelace à en perdre le fil, sans fin, tisse, jusqu’à en avaler des bouts d’homme — Ensemble
Déformation des bras pour toucher l’autre et créer des lignes de corps qui devient abstraite à force de géométrie — Duo
Les triplés à calot de chirurgien en mouvance perpétuelle : hanche, tête, avant-bras collés. Imaginons l’ordre de vie déclenchée par le mouvement du coude de monsieur à gauche dans le genou plié de l’autre à droite du chapiteau — Trio » [4]

Pour la première fois avec « Saint-Georges », Régine Chopinot sollicite un travail important d’improvisation chez ses danseurs marquant une nouvelle orientation de son travail. S’adjoignant la collaboration de Michel Alibert, éminent professeur de yoga, elle introduit le yoga dans le programme d’entraînement de la compagnie, afin de fournir des clefs à ses interprètes pour « investir les bas-reliefs-romans, non comme des « formes mécaniques » mais comme « des formes énergétiques à éprouver » » [5]. Nombreux seront les critiques à voir en « Saint-Georges » la fin de l’esbroufe qu’ils avaient fini par reprocher au travail de R. Chopinot et à en célébrer son dépouillement.

En 1992, la chorégraphe réalise une adaptation vidéo de sa pièce dans laquelle elle entrecoupe la chorégraphie des dessins de J. Baltrusaitis et des vues de la sculpture ornementale de l’église Saint Pierre d’Aulnay de Saintonge, considérée comme un joyau du style roman.

[1] O. Saillard (dir.), « Jean-Paul Gaultier, Régine Chopinot : le défilé  », Paris : Les arts décoratifs, 2007, p. 136.
[2] O. Saillard (dir.), op. cit., p. 136.
[3] R. Chopinot, citée dans H. Gauville, « Les dessous d’Ana », Libération, 13 novembre 1990.
[4] R. Chopinot, « Chopinot danse St Georges », Dossier de création, Centre chorégraphique Poitou-Charentes, La Rochelle, 1991.
[5] M. Alibert, « Yoga et santé énergétique », Les Cahiers de Présence et d’Esprit, n° 5, 2004, p. 33

Dernière mise à jour : février 2013

Chorégraphie
Réalisation
Régine Chopinot
Année de réalisation
1991
Année de création
1991
Durée
26 minutes
Lumières
Gérard Boucher
Musique originale
Concept musical Cyril de Turckheim, Régine Chopinot – Compositeur et musicologue Anne-Marie Deschamps
Musique
Musique enregistrée Ensemble Mora Vocis (Monique Avril, Pierrick Bachelin, Rebecca Bain, Richard Costa, Annie Paris, Françoise Slavick)
Interprétation
John Bateman, Jeannette Carol Brooks, Boris Charmatz, Régine Chopinot, Philippe Combes, Georgette Louison Kala-Lobe, Joseph Lennon, Samuel Letellier, Francis Mervyn, Marianne Rachmuhl, Lin-Guang Song, Eric Ughetto
Son
André Serré, Frédéric Viricel
Direction technique
Denis Tisseraud
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