Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
Priyèr' Sï Priyèr'
Entre mouvement sacré et geste profane, racines hip-hop et extensions contemporaines, Priyèr’ Sï Priyèr’ est une pièce maîtresse de la danse à la Réunion.
Composé d’un trio de danseurs, issus du mouvement hip hop à la Réunion, Priyèr Sï Priyèr donne la suite au travail initié à partir de la pièce Reflex, autour de la notion de rituel. Priyèr Sï Priyèr trace le parcours de l’être humain vers sa recherche du sacré et le rituel comme une pratique collective créatrice de lien social entre les individus.
La mise en scène développe une approche sur le symbole. Les objets de la vie quotidienne prennent place sur le plateau. Leur manipulation par les danseurs va tendre peu à peu à créer du symbolisme là où il était inexistant. Les lumières tamisées accompagnent le spectateur dans un univers feutré.
Didier Boutiana transpose le fait « rituel » en 3 tableaux chorégraphiques. S’inspirant de l’éclectisme religieux existant sur les territoires de l’océan Indien, il en reprend les symboles, les détourne et redéfini leurs utilisations au travers d’un rituel dansé auquel il convie les spectateurs. Le passage d’une étape à l’autre marque le franchissement d’un seuil social et spirituel.
L’apport des objets par les danseurs marque l’entrée dans le rituel où chacun possède, son propre passif : ce qui participe à la création d’une atmosphère sacrée. Ils avancent dans le rituel grâce aux repères que constituent les objets portés comme des symboles sacrés au service de la danse. Les danseurs manipulent les pierres avec la précaution que l’on réserve à un objet sacré.
Le trio poursuit par une danse à l’unisson. C’est la deuxième phase du rituel qui commence, celle où s’installe la pratique riche de l’énergie des danseurs. La gestuelle dansée interroge le travail des mains comme la partie première du corps amenée à effectuer le geste, présupposant sa portée sacrée dans l’énergie et l’intention de celui qui le réalise.
A mesure que le trio progresse, il survient la manifestation de ce qui n’est pas visible et malgré les repères qu’offrent les codes du rituel, une part d’inconnu subsiste dans cette pratique. Elle induit une destruction mentale qui se manifeste par une perte du contrôle de soi. Il s’ensuit une destruction physique, une violence infligée à soi-même ou aux autres. Les luttes qui vont opposer le trio amènent une destruction matérielle : les objets sacrés deviennent des objets de violence et sont dénaturés.
Pour le chorégraphe, le danseur fait l’expérience du sacré dans la pratique de sa discipline. Sur scène, il est habité par quelque chose d’inconnu, une volonté de sublimer le geste, qui relève du sacré et le transcende.
Source : Lalanbik