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Poetry
«Après le mystérieux Professor, Maud Le Pladec poursuit son exploration chorégraphique de la musique de Fausto Romitelli. L’expressivité de cette œuvre hybride, tramée d’harmoniques spectrales et de riffs sauvages en fait un laboratoire propice aux expérimentations. Pour le deuxième volet de son diptyque, elle a branché sa danse sur Trash TV Trance – bijou convulsif pour guitare électrique. Avec Poetry, l’exubérance narrative de Professor laisse place à une abstraction minutieuse : il ne s’agit plus de « traduire physiquement TOUT ce que l’on entend », mais plutôt de ciseler des écarts, des rythmes : laisser glisser musique et mouvements côte à côte à la manière d’un paysage, jusqu’à former un territoire mouvant pour l’écoute. Pour enserrer les corps dans une toile vibratoire, le musicien Tom Pauwels s’est saisi de cette partition saturée, redoublant ses boucles, étirant sa matière tourmentée. Tel un burin, la guitare creuse l’espace scénique, l’élargit, transmet aux interprètes un courant continu qui les anime, et diffuse dans les membres une lente modulation d’états. Présences obsédantes mais discrètes, flirtant avec les lisières, Maud Le Pladec et Julien Gallée-Ferré jouent avec l’essence répétitive du son, variant les manières de s’y glisser ou de s’en extraire, épousant son incessante métamorphose. Icônes fragiles, en friction avec les ritournelles et les larsens qui déchirent le continuum, ils cheminent vers un ailleurs, une fréquence commune. Entre le corps-noyau du guitariste agité de soubresauts et le corps automate des danseurs, tour à tour angoissant, méditatif ou burlesque – se dessine une ligne d’horizon : le point de fuite d’un possible unisson entre les gestes, la musique et les mots. »
— Gilles Amalvi