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O.C.C.C.
« O.C.C.C. » (prononcer Oh ! Si, si, si !) est le dernier volet du triptyque de la Fin des Temps, commencé par Régine Chopinot avec « Chair-Obscur » et l’effacement du passé en 2002 et poursuivi avec « WHA » et la disparition du futur en 2004 sur le thème suivant : « Que reste-t-il à danser ? ». Pour la chorégraphe, cela ne représente pas tant une fermeture qu’un marquage du temps « présent dans ce qu’il a d’ouvert » et « une mise à nu de la danse par elle-même » (interview de Régine Chopinot, dans L’Humanité, 20 mars 2006).
Régine Chopinot dira qu’elle a réalisé là sa pièce « la plus bagouetienne », en référence au chorégraphe disparu en 1992 Dominique Bagouet (programme de Montpellier Danse, juillet 2007). Elle y a mis tout ce qu’elle a pu apprendre : « un exposé de ce qui me motive depuis 1978 : le goût de la différence du « Défilé » de 1985, l’énergie d’ « Appel d’air » en 1981, et le lien que je mets toujours sur le plateau et dans le travail avec la compagnie » (programme de Montpellier Danse, juillet 2007). Elle dresse ici une forme d’inventaire des années passées comme directrice du CCN de La Rochelle en y instillant une part de réinvention.
Selon Annie Suquet, cette pièce renvoie aussi à « l’impossibilité de la plénitude (de l’être, du sens…) », à mettre en rapport avec les analyses d’André Lepecki sur les origines de la danse de scène en Occident (Cf. Annie Suquet, « Chopinot », Le Mans : Cénomane, 2010, p.103-104 et André Lepecki, « Exhausting dance. Performance and the politics of movement », New York : Routledge, 2006).
Cela débute par la fin, par le noir avec les interprètes venant saluer le public. La scénographie et les lumières accentuent cette dominante noire grâce à un mur de lumière réalisé par Maryse Gautier devant lequel les danseurs évoluent en contre jour comme dans une scène de cinéma. Dans l’obscurité, en alternance avec des solos, les corps se meuvent parallèlement, suivant des diagonales ou des lignes, et manipulent des objets peints en noir (valises, carreaux, javelots et autres éléments de décor qui rappellent des spectacles anciens du BARC) comme dans un jeu de construction. La bande-son composée par DJ U-Zul est une musique rock stridente, métallique, qui alterne avec des youyous de femmes. Très plastique – l’on retrouve ici le scénographe Jean Michel Bruyère -, cette pièce ressemble à un théâtre d’ombres, de marionnettes ou un ballet de fantômes monochrome.
« « O.C.C.C. » se préoccupera du « temps qui reste », de ce temps resté dernier dans une fin des temps : le présent. « O.C.C.C. », c’est ce qu’il reste à faire, ce qui peut être fait encore, à l’endroit de la représentation et tandis que l’on se tient, serrés et rapides, sur un dernier morceau de temps qui, loin de progresser, de se dérouler, d’avoir lieu là, se réduit en permanence, par l’avant et par l’arrière. […]
O.C.C.C., ce titre n’est pas sérieux mais il permet d’exprimer une chose que j’ai toujours refusé de faire : c’est de dire oui. Cela m’offre un certain détachement et le pouvoir d’accepter les choses en moi qui me dépassent. » (Programme de la Chapelle Fromentin à La Rochelle, mars 2006)
Presse
« Avec OCCC, Régine Chopinot livre une épure inventive qui résume vingt ans passés à la direction du Centre chorégraphique national Poitou-Charentes à La Rochelle. […] Elle livre ainsi une épure sur le temps qui reste, une forme d’inventaire et de bilan sur ce qui traverse son œuvre d’allure si disparate et finit par créer un style : l’énergie, le lien, les différences, le regard…»
Isabelle Danto, Le Figaro, 13 mars 2006
« Avec OCCC, Régine Chopinot met la danse à plat sur la table de montage. Elle l’observe à la loupe pour mieux radiographier le temps présent. »
Muriel Steinmetz, L’Humanité, 20 mars 2006
Lire aussi…. Hervé Gauville, « Millimaitre », Libération, 17 mars 2006
Dernière mise à jour : février 2013