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No more play
[Black & White ballets]
Pour ce morceau, Jiři Kylián fut inspiré par une petite sculpture d’Alberto Giacometti : un simple plateau de jeu, sans ornements, avec de petits copeaux de bois, des creux et deux figures de bois ressemblant à des êtres humains.
Pour ce morceau, Jiři Kylián fut inspiré par une petite sculpture d’Alberto Giacometti : un simple plateau de jeu, sans ornements, avec de petits copeaux de bois, des creux et deux figures de bois ressemblant à des êtres humains. La fascination du chorégraphe pour cette oeuvre d’art s’exprime dans le ballet « No more Play », dominé non seulement par une dynamique pleine de tension mais également par un sentiment d’inexorabilité : le spectateur se voit participer à un jeu primitif et brutal dont les règles sont cependant tombées dans l’oubli depuis longtemps.
Ces consignes, il ne les redécouvre qu’une par une, toujours trop tard, alors qu’il est déjà tombé dans le piège. Jiři Kylián accorde une importance primordiale à la musique en tant que base de son travail ; grâce à la chorégraphie sérielle et aléatoire qui caractérise « No more Play », il devient tout de suite évident que seul Anton Webern peut être l’auteur d’une telle composition. Musique et mouvement se fondent en une unité si naturelle qu’il serait difficile de les diviser à nouveau. Les costumes rococo ne font ici que de fugitives apparitions, comme pour ne pas distraire le spectateur des jeux de lumière. Ceux-ci, à peine plus fragmentaires, soulignent en particulier la chorégraphie asymétrique exécutée par deux groupes de danseurs : un couple et un groupe de trois s’adaptent avec finesse à la structure morcelée des cinq phrases pour quatuor à cordes d’Anton Webern.
D’une manière aussi souple que précise, les danseurs tempèrent cette partition éclatée, en particulier pendant les élévations au ralenti.
Les mouvements semblent gelés et se prolongent jusqu’au moment où l’on croit que les artistes vont perdre l’équilibre.L’emphase de ces gestes correspond à la structure musicale du quatuor, dans lequel le compositeur unit les formes classiques de l’imitation telles que la variation ou le contrepoint et sa technique de composition sérielle. En arrière-plan, des danses transforment le fond de la scène en un espace vivant, ce qui constitue l’une des idées centrales au sein du travail artistique de Jiři Kylián. Ceci étant, il ne s’agit pas uniquement d’un artifice, mais d’un phénomène à chaque fois naturellement engendré par le thème de la chorégraphie correspondante, comme par l’agacement de la lumière ou les décors (costumes et décors furent ici créés par le chorégraphe en personne). Dans « No more play », les danseurs traversent le fond de la scène, se plongent dans les ténèbres où, dans le glissement des figures, on ne peut distinguer que les ombres du décor. Les jeux de lumières créent une sorte de frise constituée de personnages, un relief devant lequel un couple, rampant sur le sol ) l’avant de la scène, exécute un « pas de deux ».
Source : Arthaus musik
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