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Meublé sommairement
Tissage de texte et de danse, sorte de fusion douce, un peu à la Cage-Cunningham, où parfois la danse percute le récit, parfois elle l’ignore, parfois elle l’illustre.
Emmanuel Bove (1898-1945) est considéré par certains comme un précurseur du Nouveau Roman. Dominique Bagouet sera l’un des premiers à redécouvrir cet auteur méconnu, dont l’écriture lapidaire convenait à merveille à son propre tempérament. Après « Mes amis », œuvre de Bove qu’il a mise en scène au TNP en 1985, il revient vers son écrivain fétiche dont il adapte en 1989 « Aftalion, Alexandre » sous le titre de « Meublé sommairement ».
Se lançant dans une entreprise qui ne ressemble à aucune autre, il va enlacer au pur travail chorégraphique le récit intégral de cette longue nouvelle, dite en scène par la comédienne Nelly Borgeaud. La captation de Charles Picq rend bien compte de ce tissage de texte et de danse, sorte de fusion douce, un peu à la Cage-Cunningham, où parfois la danse percute le récit, parfois elle l’ignore, parfois elle l’illustre, les déplacements de la comédienne se mêlant naturellement à ceux des danseurs. De ces courts-circuits, toniques ou mélancoliques, naissent, comme toujours chez Bagouet, un climat étrangement attachant. Un équilibre parfait, juste effleuré par la musique complice de Raymond Boni, dont les mélodies nostalgiques ou saugrenues ajoutent à la qualité poétique de l’ensemble. Les danseurs, parmi lesquels Dominique Bagouet, parcourent la vie d’Alexandre Aftalion avec la précision d’un haïku. Délicats, véloces ou gagnés par le désordre – tel le solo mémorable de Catherine Legrand – sans une once de pathos, ils frisent tous, jusqu’à la fin très elliptique, la perfection.
Source : Chantal Aubry in « Images de la culture n° 19 » – janvier 2005
Création le 10 juillet 1989 au Festival Montpellier Danse 1989 dans la Cour Jacques Coeur de Montpellier
Spectacle filmé les 9 et 10 juillet 1989 dans la Cour Jacques Coeur de Montpellier
Dernière mise à jour : décembre 2012