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Me Too, Galatée
Dans Les Métamorphoses d’Ovide, le sculpteur Pygmalion, convaincu de la nature vicieuse des femmes, leur préfère Galatée, sa propre création, une statue que la déesse de l’amour, Aphrodite, rend vivante. De cet amour narcissique pour un artefact de femme, Pol Pi ressent et transmet toute la violence symbolique. Artiste transgenre, il expose d’abord un corps neutre, au cœur du public, qui se transforme peu à peu en faux corps de femme, composite de prothèses fruitées. D’un humour grotesque à une rare finesse suggestive, ses tableaux mouvants empruntent autant aux images classiques du mythe qu’à des figures d’activistes féministes.
Née fin 2018, lors de l’élection présidentielle de Jair Bolsonaro, qui méprise ouvertement femmes, indigènes, LGBTQIA+, artistes, sa relecture de la fable se muscle encore de sens et d’éloquence. Ainsi étayée de l’urgence politique, et parce qu’elle saisit tout à la fois l’allégorie du geste artistique et de la domination masculine, la performance éclaire le formatage du corps féminin par le diktat patriarcal.
Source : programme du CND