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Mammame : Les enfants qui toussent (acte II)
Imaginons les Mammames comme des enfants de la guerre.
Réfugiés par leur Mère dans un désert oublié (le désert d’Arkadine), ils vivent isolés dans un monde qu’ils se sont construits, un monde bâti sur les oripeaux d’une guerre qu’ils n’ont pas connue.
Une grande toile façonnée à partir des tentes de l’Afrikakorps leur sert d’abri et de foyer. Leur survivance va devenir la sublimation, la transcendance d’un passé singulier.
Dans un autre lieu, les enfants des enfants du Guetto pourraient eux aussi réinventer leur propre histoire. Sans contact avec un passé qu’ils n’ont pas connu, ils n’auront que leur vie comme hypothèse.
Dans les deux cas, que reste-t-il de ce passé ?
Y-a-t-il une force souterraine pour dire l’origine des signes suspendus ?
Les enfants des deux camps ne seront rien d’autre qu’eux-mêmes s’injectant au jour le jour, les actes désordonnés d’une mémoire infectée.
Eparpillés, ils ne seront plus tout à fait innocents, ni tout à fait malicieux.
Ils viendront s’agiter dans un entre-deux comme une espèce en voie de disparition.
On raconte aujourd’hui que les années « Mamms » ont commencé ainsi, et que la mère des enfants erre et crie sans souvenirs, dans un chariot qui brûle.
Acte II : Les enfants qui toussent
Après l’acte I de Mammame, les danseurs pénètrent la coulisse et attendent. Puis ils se déshabillent et vont se mettre sous la douche.On peut partir de ce point de vue réaliste et transformer la suite en langage singulier ; faire comme certains écrivains, poser la première phrase et se laisser emporter par l’imaginaire : vous savez, l’imaginaire, ce mélange d’invention, d’émotion, d’autobiographie, de technique, de provocation, d’ironie, de morale, de théorie, de journalisme, de lyrisme, de rêve éveillé, de révolte, de romantisme, de surréalisme, d’envie de découper son art, de l’aimer, de lui cracher dessus, de lui rendre hommage, de mélanger l’anecdotique , l’universel, de se moquer, de jouer sa vie, de pleurer, de rigoler, de parler de cul, de parler des saints, d’être cruel, d’être juste, de sublimer, de répondre, de questionner, de faire ses valises et d’arracher des ronds de jambes au bas du gras du mollet. En un mot, faire une chorégraphie…
Jean-Claude Gallotta