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Madame Plaza
Extrait de la pièce de Bouchra Ouizguen, créée au Festival Montpellier Danse 2009.
Créé au Festival Montpellier Danse 2009
Filmé par Valérie Urréa au Studio Bagouet / Agora, cité internationale de la danse
Ça pourrait être une chambre. Ou la salle d’un cabaret après la fermeture. Il s’appelle “Madame Plaza”, c’est le plus vieux cabaret de Marrakech. Echouées là, quatre femmes s’étirent dans la lumière grise, roulent et tournent, allongées sur des lits, ou de vieux sofas, prolongeant des courbes de leurs bras le moment entre jour et sommeil. La nuit remue. Leurs mains accrochent le temps, leurs corps révèlent un monde où le regard s’abolit dans leur solitude d’après tout. Se cherchant l’une l’autre, leurs flancs se frôlent, leurs mains s’enlacent, esquissant des rencontres empreintes d’une sensualité furtive. Leurs gestes creusent le vide qui les enveloppe avant que leurs voix, soudain, n’ancrent ces corps dans le sol, ne les fassent surgir, indomptées, libres, fières. Prêtes à ravager la scène de leur existence, épaississant l’air qui les entoure d’un parfum charnel et capiteux par le chant qui soulève leurs gorges et pince le coeur. C’est en regardant un documentaire à la télévision que Bouchra Ouizguen a découvert les Aïta, ces chanteuses de cabaret, dépositaires à la fois d’un art venu du fond des temps et de l’histoire récente de son pays, le Maroc. Elle se lance alors dans une recherche pour retrouver ces femmes, libres, qui sont un peu l’équivalent des geishas japonaises, au chant puissant et séduisant. Madame Plaza est l’aboutissement de toute cette histoire, faite d’un lent processus pour trouver un langage entre voix et corps, où ces femmes, lourdes, lentes, magnifiques par la justesse de leurs gestes et la densité de leur présence, laissent librement leurs voix s’enfler dans les airs. Agnès Izrine