Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
Les Paladins
Conçus sous le signe de la gaieté et de la liberté, « Les Paladins » n’entrent véritablement dans aucune catégorie, le spectateur étant à son tour invité à s’abandonner sans a priori au plaisir de l’œil et de l’oreille.
(2004)
Direction musicale: William Christie
Mise en scène et chorégraphie: José Montalvo et Dominique Hervieu
Avant-dernière composition de Jean-Philippe Rameau pour le théâtre, « Les Paladins » sont représentés pour la première fois le 12 février 1760 sur la scène de l’Académie royale de musique de Paris. Entré dans sa soixante-dix-septième année, le musicien natif de Dijon pouvait estimer n’avoir plus grand-chose à prouver : organiste de formation, venu tard à l’art lyrique après s’être illustré dans l’écriture de pièces pour clavecin et de traités théoriques (il a attendu l’âge de cinquante ans pour composer son premier opéra, « Hippolyte et Aricie », en 1733), il y a conquis la gloire avec « Les Indes galantes », « Les Fêtes d’Hébé », « Dardanus » ou « Platée ». Pourtant, il éprouve toujours le besoin d’aller de l’avant, aussi bien dans l’univers de la comédie que de la tragédie, et, après Les Paladins, il n’hésitera pas à mettre en chantier Les Boréades, son ultime chef-d’œuvre, jamais représenté de son vivant et qui devra attendre deux siècles avant d’être proposé au public. « Les Paladins » n’auront pas une carrière beaucoup plus heureuse : accueillis avec réserve le soir de leur création, ils tiennent encore l’affiche pour quelques représentations avant de disparaître jusqu’au XXe siècle. Lassitude du public à l’égard du compositeur ? Faiblesse du livret ? Abus du mélange des genres ? Les explications avancées par les historiens et les musicologues ne manquent pas… L’ouvrage, il est vrai, est particulièrement composite, alternant ou superposant passages chantés et dansés, moments sérieux et de pure bouffonnerie, dans un jeu parodique d’une subtilité et d’une diversité extrêmes où le déguisement est roi. Au lendemain de la célèbre Querelle des Bouffons, dans laquelle il a été pris à parti par les partisans du » naturel » de la musique italienne, Rameau apporte sa réponse et laisse libre cours à son imagination en faisant éclater les classifications (comédie-ballet, ballet bouffon, intermède, féerie…). Conçus sous le signe de la gaieté et de la liberté, « Les Paladins » n’entrent véritablement dans aucune catégorie, le spectateur étant à son tour invité à s’abandonner sans a priori au plaisir de l’œil et de l’oreille. Une confirmation supplémentaire, s’il en était encore besoin, de l’extraordinaire génie dramatique et musical de Rameau.
Extrait du programme des Paladins paru en 2004
Dernière mise à jour: Janvier 2018