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Les fuyantes
La recherche de Boris Gibé et Camille Boitel s’articule essentiellement autour de la perception du monde, de la mise en perspectives, et de la recherche du point de fuite. Dans un univers burlesque, Les Fuyantes emmène le spectateur dans une déconstruction de ses repères, lui proposant un nouvel angle d’observation… La réalité n’est-elle pas qu’une construction ?
Les Fuyantes traite de la perception de la réalité dans la société numérique de demain. C’est une véritable prise de recul sur le système de pensée actuel et particulièrement sur la place qu’a pris le virtuel sur ce qui étaient, encore récemment, des réalités tangibles.
Pour cette nouvelle création, Boris Gibé s’appuie de nouveau sur les arts du cirque mais également sur la danse acrobatique, l’exploration aérienne, la manipulation d’objets… La scénographie repose sur un principe évolutif faisant apparaître d’un espace vide, une boîte à magie, sorte d’écran déformable en lycra, baptisée la monade. Elle donne la sensation de troubles optiques grâce à des projections de lignes de fuites, de lumières et d’ombres projetées sur des volumes, mobiles et déformables. Le décor mouvant et les corps en mouvement, en perpétuelles transformations, emmènent le public vers des territoires instables, en jouant de sa confiance en l’image. Boris Gibé et Camille Boitel ont travaillé pendant deux ans sur la création de cette architecture insensée. Dans un premier temps, le spectateur assiste à la construction d’une ville, dont les lignes d’horizons sont étirées. En lutte pour ne pas perdre le point de fuite, les cinq interprètes sont très vite victimes de cette drôle de ville géométrique jusqu’à s’y retrouver enfermés. Les acrobates ne sont alors plus que des corps en mouvement qui dépendent les uns des autres. Ils marchent, dansent sur les murs, grimpent à la verticale. Dans un système devenu autonome, chacun tente de redevenir partisan d’une réalité qui lui échappe.
La démarche : le fond, le sens, la forme
Pour bouleverser, toucher profondément, la Cie les Choses de rien souhaite emmener ses spectateurs vers une évasion, une réflexion, un retour aux sources. C’est l’ambition d’offrir à chacun un élan de reconstruction, de remise en question… Ainsi naît un univers fort qui ne tient qu’à un fil, une forme intime où chaque spectateur est convié à la réalité éphémère de la représentation ; placé en position d’acteur de sa propre lecture, il peut ainsi créer sa vision personnelle de ce qui ne lui est que suggéré. alors, dans la générosité, l’émotion, peut se révéler toute la fragilité poétique de l’instant.
Une écriture évolutive
C’est dans un long processus de création en aller-retour entre laboratoires de recherches sur le mouvement, résidences d’écriture, constructions scénographiques, réalisations de courts-métrages, improvisations, que se développe et se finalise l’écriture scénique. Les procédés utilisés pour développer ce scénario s’appuient également sur des nouvelles conventions liées à l’imagerie virtuelle (défragmentation de l’image, zoom dans le plan, simulations 3D), ainsi que sur le détournement de conventions plus théâtrales : monde parallèle, huis clos, espace évolutif, labyrinthe spatio-temporel, principe de « mise en abîme »… Ces notions nous permettrons d’immerger le public dans un espace déroutant sans cesse son point de vue.
D’où part le mouvement ?
D’une histoire commune provenant de notre vie itinérante circassienne et d’une même volonté à s’affranchir de notre pratique initiale pour s’orienter vers l’écriture d’une nouvelle forme de langage chorégraphique, nous poussons le corps à de nouvelles limites quant à sa maîtrise au sol ou dans les airs. Les techniques gestuelles des interprètes se construisent à partir de la dramaturgie du spectacle qui elle-même s’en nourrit jusqu’à son écriture finale. Un attachement à l’essence du cirque .
Le cirque reste la matrice de nos projets. Ce n’est pas la spécificité démonstrative, colorée ou festive qui nous y lie, mais bien plus simplement sa manière d’approcher le public, sa faculté à toucher universellement, son aptitude à briser les frontières, à dépasser les limites. Car le cirque est multiple, se nourrit de toutes les disciplines artistiques pour mieux se révéler “art populaire“ tout en restant inventif et exigeant. Nourri par la danse acrobatique, l’exploration aérienne, la manipulation d’objets, nous développerons ces techniques sur des matériaux tels que : des échafaudages, sangles rebondissantes, escaliers, échelles, sols glissants, treillis métalliques, plaques de bois et de plexiglas, murs d’escalades recouverts de lycra, aimants, cordes, élastiques…) . Le vocabulaire utilisé est ludique dans sa forme. En redonnant une certaine légèreté à la dramaturgie, ainsi redensifié celui-ci touche au plus direct…
Source : Maison de la Danse – Programme de salle