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Le Rêve d'Helen Keller

Année de réalisation
1984
Année de création
1984

Cette pièce pour 4 interprètes récompensée au Concours de Bagnolet en 1984 évoque la figure d’Helen Keller en s’inspirant de « La forme du rêve », nouvelle du japonais Hanya Yukata.

Dans cette pièce pour 4 interprètes présentée en 1984 au Concours de Bagnolet où elle reçoit le premier prix ainsi que le prix du Ministère de la Culture, Catherine Diverrès évoque la figure d’Helen Adams Keller – conférencière et activiste américaine aveugle et sourde-muette – en s’inspirant de la nouvelle de l’écrivain japonais Hanya Yukata intitulée « La forme du rêve ». Ce rêve imaginé par l’écrivain Hanya Yukata est décrit comme « un rêve tactile privé de perceptions tactiles (…) qui aurait à effacer tout élément extérieur et permette uniquement de voir une chose indubitablement naître spontanément du seul monde des ténèbres » [1]

En introduction de sa présentation au Festival de Châteauvallon, la chorégraphe annonce en ces mots son projet éloigné de tout portrait : « Nous nous tiendrons dans cette sorte de conscience onirique qui persiste dans notre conscience vigile et diurne : dans ce lieu de partage de la lumière et du jour, de la veille et du sommeil ; au point d’ambiguïté du masculin-féminin au point zéro du social. La question de la limitation se pose. L’exaspération physique et visuelle touche cet état de non-limite, de dé-mesure, un sentiment de fragilité contenue dans les choses. » [2]

C’est par la suggestion physique que la cécité est évoquée dans cette pièce : « Ici pas de jeu avec une quelconque langue des signes, imaginaire ou réelle, mais un travail sur les différentes dimensions de l’obscurité, de la perception, de l’intelligence du toucher » [3] écrit Irène Filiberti. Et rapprochant cette recherche du travail à l’oeuvre dans ses autres pièces, elle ajoute : « De même que sont recherchés les états de corps dont le potentiel paradoxal – fièvre, veille, hypnose, somnambulisme – participe du climat des créations. »

La critique Laurence Louppe qualifie « Le Rêve d’Helen Keller » de projet de « radical et totalement insolite » et elle poursuit : « Montet-Diverrès nous faisaient partager la cécité du corps pur. Ils parvenaient à figurer, chose difficile, dans un monde sans espace et sans images. Expérience à la limite du possible. En fait, par le biais de ce paradoxe, ils nous ramenaient aux racines mêmes d’une pulsion insaisissable qui s’appelle peut-être la danse. Parvenu à ce point extrême où le propos dansé aurait pu se résorber dans l’invisible, “Le Rêve” n’en débouchait pas moins sur une donnée spectaculaire d’une grande richesse : les lignes disaient l’étouffement feutré du silence et de l’obscur, réinventaient l’écriture du non-vu, où corps et inconscient exploraient leur propre périphérie » [4] 

Claire Delcroix, mars 2016

[1] C. Diverrès dans « Var République Matin  : Ve Festival de Châteauvallon danse », 12-25 juillet 1984.
[2] C. Diverrès dans « Var République Matin : Ve Festival de Châteauvallon danse », 12-25 juillet 1984.
[3] I. Filiberti, « Catherine Diverrès, mémoires passantes », Pantin, Paris : Centre national de la danse, L’Oeil d’or, 2010, p. 52.
[4] Laurence Louppe, « “Lie”-tinéraire de Catherine Diverrès », Pour la danse, n° 119, novembre 1985, p. 18-19.

Réalisation
Année de réalisation
1984
Année de création
1984
Durée
62 minutes
Lumières
Pierre-Yves Lohier
Musique originale
Eiji Nakazawa
Interprétation
Catherine Diverrès, Bernard Glandier, Bernardo Montet, Nasrin Pourrhosseini
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