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Le genou de Mathilde
Portrait de Jean-Claude Gallotta
Ce documentaire, en lien avec le spectacle des Gens qui dansent, retrace le travail du chorégraphe Jean-Claude Gallotta, en répétition avec ses danseurs. A travers des interviews, il donne sa vision de ses spectacles. Il se livre en évoquant ses souvenirs familiaux et son voyage en Afrique qui tient une place particulière dans sa vie.
Des Gens qui dansent est le troisième volet d’une trilogie commencée en 2002 avec 99 duos et poursuivie en 2004 avec Trois Générations. Une mère et sa fille, un vieil écrivain mourant, un homme venu de nulle part, un petit chaperon rouge, quelques loups, un couple sur le pont, une danseuse sur talons hauts, deux barytons joyeux, deux amants d’ailleurs…Cette pièce convoque sur la scène un groupe de dix danseurs d’âges différents qui s’entrelacent par duos passionnés, trios tendres et quatuors insolites. Façon pour Jean-Claude Gallotta de nous souhaiter d’être follement aimés. Des figures qui évoquent, entre frictions et fiction, des histoires comme les nôtres, ou entraperçues dans la vie des autres. Sur la scène, de moins en moins d’artifices. Ceux qui sont là portent le même nom qu’à la ville, Béatrice, Camille, Françoise, Ximena, Mathilde et Benjamin, Christophe, Darrell, Martin, Thierry. Peut-être même portent-ils les mêmes habits. Une chose est sûre, ils portent les mêmes joies et les mêmes angoisses, la même énergie et la même poésie. Des Gens qui dansent est une fluide transposition de la vie à la scène. Il y a parfois si peu d’écart, Jean-Claude Gallotta a entrepris de mettre dans son spectacle si peu de « machinerie » qu’on pourrait croire au premier abord que, sur scène, il a davantage voulu agencer de la vie que chorégraphier. Alors que bien entendu la chorégraphie qu’il propose, si elle paraît être comme la vie, si elle est à ce point la vie, est simplement délivrée du masque du spectaculaire. Elle s’offre ici sans manipulations, sans enrobements, sans subterfuges. Car le spectaculaire aujourd’hui a changé de camp, il a quitté les théâtres, s’est répandu au-dehors où désormais il habille et déguise le réel. A la scène, dès lors, de se repeupler autrement, avec des gens. Mieux, avec des êtres. Bien entendu, sur le plateau des Gens qui dansent, la plupart de ces êtres sont des danseurs, de grands danseurs. Mais ils ne sont pas là pour faire étalage de leur virtuosité, ni de leurs muscles, ni de leurs chairs. Ce qu’ils ont à dénuder avant tout, c’est les rapports qu’entretiennent les hommes et les femmes, entre eux, et avec le monde, dont ce spectacle ne reproduit pas à l’identique les déconstructions, les affolements, les fragmentations. En revanche, la scène des Gens qui dansent est évidemment traversée par leurs lignes de fracture. Et c’est là, sur cet étroit fil, sur ces cicatrices, en équilibre, qu’il y a à danser, à penser peut-être un peu si c’est possible, de toutes ses forces.
Claude-Henri Buffard