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Le Double de la bataille

Année de réalisation
1999
Année de création
1999

Créé en 1999 dans le cadre des « Impromptus » du festival Mettre en scène, cette proposition confidentielle se veut un exercice de confrontation entre deux disciplines artistiques.

Projet confidentiel par sa diffusion limitée, « Le Double de la bataille » est créé le 8 novembre 1999 dans le cadre des « Impromptus » du festival Mettre en scène du Théâtre national de Bretagne (TNB). Exercice de confrontation entre deux disciplines artistiques, le principe présidant à sa création vise à « donner l’opportunité aux artistes de travailler sur ce qu’ils ne font pas habituellement, de s’engager dans des aventures, de se contraindre à un temps très court, d’entrer dans un travail différent d’une “ligne de création” ». Pour Françoise du Chaxel, ancienne directrice adjointe du TNB, il s’agit de « privilégier l’instant à la durée, l’accidentel au répétitif, au continu, au mesurable… » (dossier de création, octobre 1999).

Avec cette nouvelle proposition, Catherine Diverrès poursuit un travail amorcé en 1994 et mené pendant les trois années consécutives, avec les élèves de l’école du TNB dont huit comédiens fraîchement sortis rencontrent ici six danseurs du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne (CCNRB). En octobre 1998 et avril 1999, au cours de deux périodes de travail dirigées autour de la question « Que représente pour vous le non-espace ? », ils imaginent une façon d’investir ensemble le plateau du théâtre, « déjou[ant] l’épaisseur des mots pour apprivoiser l’espace » (programme du CCNRB, printemps-été 2000) : « Au début, écrit Catherine Diverrès, nous avons posé la question de l’espace qui se dé-limite ou se pense infini, paroles, lumière, amour… et puis réfléchir son contraire, que serait le non-espace ? La folie, la confusion entre l’autre et moi-même, la non-communication. A partir de ces deux pôles nous avons travaillé. » (dossier de création, octobre 1999)

La confrontation au texte et au théâtre, essentielle au travail de la chorégraphe, structure ces temps exploratoires comme l’explique F. du Chaxel : « [Les interprètes] ont apporté des textes qui disaient l’incommunicabilité, l’enfermement, la folie, (…) textes graves et textes drôles, pour dire que l’humour sert souvent de masque au désespoir. » (dossier de création, octobre 1999) Dostoïevski et Racine côtoient les poètes Gherasim Luca, Nâzim Hikmet, ou les témoignages de Marie Depussé, « racontant l’espace mental éclaté des pensionnaires de La Borde ». L’ancienne directrice adjointe du TNB se félicite de l’issue de cette expérience : « les danseurs ont côtoyé le concret du théâtre, les comédiens ont apprivoisé l’espace » (F. du Chaxel, dossier de création, octobre 1999).

En livrant un extrait de son carnet de notes personnel dans le programme du festival Mettre en scène, Catherine Diverrès introduit sa nouvelle proposition en ces termes : « Il nous faut bien donc des écrivains qui ne construisent pas des personnages mais bien qui s’adressent à l’être, à ce fond où nous reconnaissions quelque chose. (…) Aujourd’hui, je sens que je vais vers des choses plus ludiques où l’humour, une certaine mise à distance, pourraient avoir une place. (…) Broyer, digérer la matière littéraire avec appétit, jubilation et projeter consciencieusement des états de nous-mêmes objectivés, les bribes de sens, nus, sans mots (ou avec eux secrètement), inventant un espace singulier qui reflète partiellement, en éclats, de multiples trajectoires. » (programme du festival Mettre en scène, TNB, 9-20 novembre 1999, p. 4)

Une reprise exceptionnelle de la pièce aura lieu en juin 2000 à Paris au Théâtre de la Cité internationale, associée au colloque « La danse et le texte, vers une dramaturgie du sensible ? » organisé avec le concours du Centre national de la danse.

Les images qui sont ici données à voir sont celles d’une étape de travail.

Claire Delcroix

NOTES D’INTENTION

« Au début, nous avons posé la question de l’espace qui se dé-limite ou se pense infini, paroles, lumière, amour… et puis réfléchir son contraire, que serait le non-espace ? La folie, la confusion entre l’autre et moi-même, la non-communication. A partir de ces deux pôles nous avons travaillé.
Comment le choix des textes est arrivé, comment l’acteur, le danseur deviennent des doubles, comment les voix, les récits se jumellent à partie de cette question espace, non-espace.
Ainsi, Dostoïevski a posé le personnage de Stravoguine dans les “Démons”, possédé par lui-même, par un autre en soi, dans une folie criminelle lucide. A ce personnage répondent les mots de Marie Depussé qui témoignent de la douceur, de la patience infinie, nécessaires pour préserver les corps, accompagner les gestes chaotiques des fous dans leur espace mental déchiré, sans repère ni limite. Un non-espace.
Comment naît l’espace : reconnaître l’altérité, reconnaître l’autre totalement autre, c’est saisir la responsabilité qui nous relie à autrui. Les voix des poètes qui nous parviennent en fragments, en éclats, Nâzim Hikmet, Gherasim Luca, Jean Racine, ouvrent l’espace par leur verbe. Enchevêtrements entre sens et abstraction, jeu et gravité, une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Un morceau de temps. »

Catherine Diverrès, novembre 1999

dernière modification : octobre 2014

Chorégraphie
Année de réalisation
1999
Année de création
1999
Durée
135 minutes
Lumières
Marie-Christine Soma
Musique
Jeanne Moreau, valses brésiliennes, Erroll Garner, Tchaïkovsky, Alan Vega
Interprétation
Aurélie du Boys, Carole Gomes, Cédric Gourmelon, Vincent Guédon, Osman Kassen Khelili, Isabelle Kürzi, Fabrice Lambert, Nolwenn le Du, Cécile Loyer, Nathalie Pochic, Anne de Queiroz, Györk Szakonyi, Vladimir Weiss, Rachid Zanouda, Vincent Voisin
Scénographie
Laurent Peduzzi
Autre
Marie Depussé, Dieu gît dans les détails, La Borde un asile, POL 1993 ; Fedor Dostoïevski, Les Démons, Babel, 1995 ; Nazim Hikmet, « Un envieux » in Il neige dans la nuit et autres poèmes, Gallimard 1999 ; Gherasim Luca, « Le rêve en action », Seuil ; Jean Racine, Andromaque, acte V scène 3.
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