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Le cerf se voyant dans l'eau

Chorégraphie
Réalisation
Réalisation Centre national de la danse
Année de réalisation
2006

Fait partie des « Fables à la Fontaine », 12 fables, 12 courtes pièces chorégraphiques pour tous les goûts, pour tous les âges. Enregistré au CND le 9 décembre 2006

Cette pièce résulte d’une commande d’Annie Sellem, directrice de la maison de production La Petite Fabrique, dans le cadre d’un programme intitulé « Les Fables à La Fontaine », consacré à la mise en scène chorégraphique des « Fables » de Jean de La Fontaine.

Boyzie Cekwana transpose dans un contexte africanisant cette fable pour en faire « un conte panoramique de la savane », remplaçant le cerf par la gazelle de Thompson et le limier par le guépard. Il construit sa chorégraphie autour du « moment précis qui dévoile la moelle de l’histoire », comme il l’explique dans les notes d’intention qui introduisent sa proposition. Selon lui, la morale finale résonne très familièrement aux oreilles de « tous ceux qui marchent sur les étendues africaines » : « la lutte entre dents et chair est déterminée par la négligence d’un animal pour une simple règle de survie » [1].

Programmée dans le volet « Les belles étrangères » du projet, la pièce est créée en février 2005 au Théâtre Jean Lurçat d’Aubusson et tournera à travers toute la France.

[1] B. Cekwana, notes d’intention pour « Le cerf se voyant dans l’eau », 2005.

Le cerf se voyant dans l’eau

Dans le cristal d’une fontaine
Un cerf se mirant autrefois
Louait la beauté de son bois,
Et ne pouvait qu’avec peine,
Souffrir ses jambes de fuseaux,
Dont il voyait l’objet se perdre dans les eaux.
« Quelle proportion de mes pieds à ma tête ?
Disait-il en voyant leur ombre avec douleur :
Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte ;
Mes pieds ne me font point d’honneur.»
Tout en parlant de la sorte, Un limier le fait partir.
Il tâche à se garantir ;
Dans les forêts il s’emporte.
Son bois, dommageable ornement,
L’arrêtant à chaque moment,
Nuit à l’office que lui rendent
Ses pieds, de qui ses jours dépendent.
Il se dédit alors, et maudit les présents
Que le Ciel lui fait tous les ans.
Nous faisons cas du beau, nous méprisons l’utile ;
Et le beau souvent nous détruit
Ce cerf blâme ses pieds,
qui le rendent agile ;
Il estime un bois qui lui nuit.

Jean de La Fontaine, Livre VI – Fable 9, 1678

Notes d’intention

« Cette fable incarne un archétype moral, puissant et palpable qui laisse une grande place à l’exploration d’un créateur. Il n’est pas fréquent que l’on puisse travailler sur une ligne narrative aussi claire ; cette perspective est alors intimidante. Dans cette pièce, je souhaite regarder la fable classique de La Fontaine à travers une perspective “africaine” : tisser un conte panoramique de la savane, transposer la forêt en plaine et le cerf en gazelle de Thomson. Mon intérêt porte sur la recherche d’un moment : le moment précis qui dévoile la moelle de l’histoire. Dans la nature sauvage, le guépard est mon animal préféré. Grâce à ma fascination pour ce félin élégant et agile, j’ai été témoin de sa relation périlleuse avec la gazelle de Thomson. Le but, néanmoins, est de raconter l’histoire d’une gazelle qui fait un mauvais calcul dans une ambiance de menace et de danger constants. Tandis que la gazelle se préoccupe de sa propre beauté et prouesse, elle perd de vue les éléments clés qui assurent sa survie : la vigilance et la distance. Dans sa suffisance, elle laisse approcher de trop près son prédateur et elle perd les instants critiques et nécessaires pour s’échapper. En s’éloignant du vrai caractère du félin, notre guépard adopte des qualités superficielles et particulières. Il est, par exemple, obsédé bizarrement par sa queue, ou sûr de lui-même d’une manière étrange. Ainsi, je tente d’alléger la morale de la fable, en proposant une vision humoristique, belle et tragique en même temps. Enfin, la morale concluante reste pareille : la lutte entre dents et chair est déterminée par la négligence d’un animal pour une simple règle de survie. C’est une règle qui résonne instinctivement chez tous ceux qui marchent sur les étendues africaines.»

Boyzie Cekwana

dernière mise à jour : décembre 2013

Chorégraphie
Réalisation
Réalisation Centre national de la danse
Année de réalisation
2006
Durée
20 minutes
Lumières
Eric Wurtz
Musique originale
Madala Kunene
Autre collaboration
masques Andrew Verster
Interprétation
Vinciane Gombrowicz, Téo Fdida
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