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La Vie en Danse
Source de réalisation, de plénitude, de gratifications multiples, la vie du danseur est faite aussi d’exigence, de combat, de renoncements et de blessures. Pour cerner leur expérience dans toute sa richesse et sa diversité, Eric Legay s’est attaché à trois artistes d’exception, Brahim Bouchelaghem, Marion Ballester et Allister Madin – dont les pratiques, les univers sont radicalement différents.
Représentant de la première génération du hip-hop français, qui a émergé au cours des années 1980, Brahim Bouchelaghem a fait son apprentissage dans les rues de Roubaix. Longtemps interprète au sein des compagnies Käfig et Accrorap, il signe depuis 2004 ses propres créations. Également chorégraphe et pédagogue, Marion Ballester s’est formée au Centre national de danse contemporaine d’Angers. Elle débute avec Philippe Decouflé en participant aux cérémonies d’ouverture et de clôture des JO d’Albertville (1992), puis rejoint la compagnie Rosas d’Anne Teresa de Keersmaeker. Issu quant à lui de l’école de l’Opéra de Paris, Allister Madin, le plus jeune d’entre eux, est profondément attaché à cette institution dont il a réussi à intégrer le corps de ballet. Hip-hop, contemporain, classique – si leur rencontre initiale avec la danse relève du hasard, pour tous trois elle est apparue d’emblée comme une évidence. Et chacun à sa manière s’est engagé dans cette voie avec ferveur et détermination.
(Myriam Bloedé)
Hommage à son père qu’il a perdu très tôt, parti en France brûler sa vie autour de tables enfumées, rongé par l’obsession du jeu de cartes.
La passion du jeu, le poker, le goût du risque qui animait ce père, entrent en résonance avec l’histoire du fils, sa passion pour la danse et l’excitation qu’il ressent à entrer en scène. Le père et le fils se confondent dans ce désir de partir, de foncer, de s’enivrer ! Dépouillé de tous les fastes du hip-hop, entouré de très belles lumières, Brahim Bouchelaghem, en virtuose et superbe danseur, nous fait aimer ce père… Une confession publique pleine de sincérité et d’émotion.
“Tout fiévreux de liberté, pour sortir de l’adolescence, il s’en vint en France, avec ou sans compagne et sa naïveté.” Le père de Brahim Bouchelaghem, parti d’Algérie pour travailler dans le Nord de la France, n’a jamais cessé de vivre à travers son fils.
Brahim Bouchelaghem, auteur de ce solo, tout à la fois souvenir et hommage. Hommage à ce père qui n’a jamais cessé de vivre à travers son fils… Hommage à l’indéfectible lien qui n’a cessé d’unir ces deux êtres. Hommage à leurs passions respectives : pour le père, passion du jeu, pour le fils, passion de la danse. Avec Zahrbat, Brahim offre un arrêt sur mémoire, une pièce dédicace qui exprime ce qu’il n’a jamais pu dire à son père qui lui a transmis une fièvre, un goût du risque et de la lumière. Ce que le père a vécu les cartes à la main, de table de jeu en table de jeu, le fils le poursuit étrangement de scène en scène.
C’est un voyage sans retour vers l’Algérie, à la fois terre, racines et héritage.
Ce solo, à la fois énergique et émouvant, est révélateur de l’ouverture du hip hop à une sensibilité artistique portée par des histoires personnelles : ici un hommage intime dont l’écriture chorégraphique, en parfaite osmose avec la scénographie, les images, la musique et les lumières, restitue le regard d’enfant d’un danseur virtuose. Un jeu le temps d’une danse, entre pique, trèfle, coeur et carreau.