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La Valse de Vaslav
Alors que fleurissent aujourd’hui les reprises, interrogeant sur un mode réflexif différentes zones de l’histoire de la danse, les HOMMAGES de Mark Tompkins, créés entre 1989 et 1998, activent un autre regard sur certaines de ses figures marquantes ; regard qui n’est pas tant historique et réflexif qu’intensif et joyeusement décalé. Qu’est-ce que le corps de Mark Tompkins fait de ces spectres, que nous connaissons principalement aujourd’hui au travers de photographies, de films, de fragments d’images ; comment met-il en jeu l’imaginaire attaché à ces icônes ? Valeska Gert, Joséphine Baker, Vaslav Nijinski – mais aussi Harry Sheppard, danseur noir américain et mentor de Mark Tompkins – : ce sont avant tout des corps singuliers, qui par la puissance de leur incarnation se dérobent à toute forme de reproduction. Les invoquer, c’est s’exposer au risque du décalage, de l’à-peu-près, du sacrilège. Mais s’exposer, c’est justement l’enjeu de ces portraits – où affleurent un autoportrait du danseur en tant qu’être traversé. Sans chercher à éviter la copie dégradée, le kitsch, les faux-semblants, débusquant les clichés et les mythologies, Mark Tompkins donne à voir un écart qui vaut en même temps comme fantasme et principe de vérité. Usant de tous les artifices du cabaret, du travestissement, du chant, de la musique, il passe d’un corps à un autre – homme ou femme, blanc ou noir – mû par le plaisir de faire comme si : de pousser la chansonnette avec Joséphine Baker, de grimacer avec Valeska Gert, de sauter avec Nijinski. Il se donne autant à voir accompagné de ces figures que nous accompagnant vers elles – nous laissant profiter pour un instant de cette petite déchirure dans le temps…
“Je ne suis pas un sauteur, je suis un artiste”
Nijinski
Source : site de la compagnie http://www.idamarktompkins.com