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La princesse de Clèves - Teaser
La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, considéré comme le premier roman psychologique de la littérature française, retrace le drame de Mlle de Chartres, devenue princesse de Clèves par son mariage, mais tombée éperdument amoureuse du duc de Nemours, de ces premières et véritables amours qui marquent une vie. Pourtant, malgré cet amour partagé, elle choisira d’y renoncer même après la disparition de son époux. Dressant le portrait d’une héroïne amoureuse, héroïque dans ses luttes intérieures entre devoir curial, fidélité contractuelle et ce qu’elle pressent être l’amour d’une vie, le chorégraphe Julien Guérin s’empare de cette magnifique histoire d’amour inassouvi pour en faire ressortir toute la charge émotionnelle, l’intensité, la force, et surtout, son intemporalité.
La Princesse de Clèves” de Madame de La Fayette, considéré comme le premier roman psychologique de la littérature française, retrace le drame de Mlle de Chartres, devenue princesse de Clèves par son mariage, mais tombée éperdument amoureuse du duc de Nemours, de ces premières et véritables amours qui marquent une vie.
Pourtant, malgré cet amour partagé, elle choisira d’y renoncer même après la disparition de son époux. Dressant le portrait d’une héroïne amoureuse, héroïque dans ses luttes intérieures entre devoir curial, fidélité contractuelle et ce qu’elle pressent être l’amour d’une vie, le chorégraphe Julien Guérin s’empare de cette magnifique histoire d’amour inassouvi pour en faire ressortir toute la charge émotionnelle, l’intensité, la force, et surtout, son intemporalité.
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Le premier amour, mais forcé à demeurer inassouvi puisqu’objet de deux injonctions morales contradictoires, de deux fidélités. Le résultat est la mort au sens propre comme figuré des deux amants car « une vie sans amour ne vaut la peine d’être vécue ».
Premier roman psychologique de l’histoire de la littérature française, l’auteur, Mme de La Fayette s’est attachée à retracer un amour vrai, sincère et véritable car chose rare, partagé pleinement par les deux protagonistes, synchroniquement.
La Princesse de Clèves raconte le drame d’une parfaite réciprocité amoureuse mais tragiquement inassouvible et inassouvable parce qu’interdite.
Les deux protagonistes doivent renoncer à l’amour de leur vie et ainsi taire leur passion, la faire mourir.
La charge émotionnelle s’avère contenue par l’auteur. Car le roman n’est pas transgressif ni contestataire de l’ordre établi ni de la morale en vigueur. En effet, en cela ne réside pas l’objet du roman.
Le roman épouse une morale contextuelle et circonstancielle et évite de s’attirer les foudres des dévots de l’époque voire la censure monarchique.
Pourtant, derrière cette soumission de l’auteur pointe une difficulté de décrire une réalité interrogatrice toute contemporaine sur le choix d’aimer plus celui d’être libre d’aimer selon son cœur et ses affinités.
Dans mon projet chorégraphique, la liberté est plus grande en ce qu’il ne s’agit pas de faire parler les protagonistes mais de faire ressortir la force émotionnelle de cet amour contraint.
Je veux montrer une héroïne tragique dans sa dimension intérieure et conflictuelle puisqu’ écartelée entre deux légitimités, deux fidélités.
Cette déchirure la porte et la consume. La princesse sait le danger de succomber à son amour pour le Duc de Nemours.
Mais, elle choisit la vertu plutôt que le bonheur.
Et, c’est cette intensité terrible et dramatique, courant en filigrane tout au long du roman, moralement « cachée », depuis l’amour éclos et tacitement avoué entre les amoureux , que je veux saisir et traduire scéniquement.
L’indicible l’emporte sur l’explicite dans le roman autorisant, de ce fait, en danse, une double lecture plus douloureuse, plus charnelle.
J’ai voulu composer un ballet qui traduise cette graduelle intensité amoureuse puis douloureuse.
J’ai voulu que le public ressente ces émotions contraires, changeantes, heureuses, afflictives. Mon ballet s’attache à refléter, au gré de l’avancée du roman, l’engouement amoureux et ses dérivés attendus (joie, jalousie, possession, partage) puis les meurtrissures liées à l’assassinat d’une passion (rage, dépression, désespoir).
Je veux surprendre les spectateurs en dépoussiérant une vision passéiste et désincarnée de « La princesse de Clèves ».
Ce roman demeure résolument progressiste voire féministe, en ce qu’il fait d’une femme le personnage principal de l’histoire, même si cette dernière n’apparaît, finalement que partiellement actrice de son propre destin.
Cette jeune femme aime, intérieurement, pleinement et sans retenue, le duc de Nemours.
Là, j’y dénonce l’asservissement des femmes à un ordre établi phallocratique qui les condamne à s’unir par défaut et n’aimer que jamais sauf par hasard.
Et si la princesse de Clèves choisit de ne pas assouvir cet amour, peut-on penser que cette décision constitue l’exercice ultime de sa liberté ?
Le fait de se savoir non libre (i.e. existence déterminée par la nature de son sexe) mais prenant pleinement conscience de ces règles socialement prescrites revêt une forme de liberté qu’elle, en tant que sujet pensant et agissant, peut assumer.
Conclusivement, la princesse adhère par obéissance parce qu’elle a compris qu’elle n’avait pas d’alternatives, bref un non choix.
C’est cette dramaturgie qui irrigue l’œuvre romanesque de la Princesse de Clèves qu’une présidence n’a su comprendre à sa juste valeur.