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La nuit transfigurée
Commande de l’opéra de Lausanne pour sa réouverture à l’automne 2012, « La nuit transfigurée » est une pièce puissante et sensible sur le thème de l’aveu et du pardon, de l’ombre et de la lumière. Enregistré le 7 février 2014 au Centre national de la danse
Commande de l’opéra de Lausanne pour sa réouverture à l’automne 2012, « La nuit transfigurée » est une pièce puissante et sensible sur le thème de l’aveu et du pardon, de l’ombre et de la lumière. L’œuvre romantique d’Arnold Schönberg y est confrontée au très vif Concerto pour deux violons en la mineur d’Antonio Vivaldi.
«La partition de Schönberg est inspirée d’un poème de Richard Dehmel qui traite d’un aveu et d’un pardon. Une femme avoue à son compagnon qu’elle est enceinte d’un autre, lui l’accepte avec beaucoup de tendresse et de compréhension.
J’ai choisi de mettre en doute la facilité de cet aveu, de déployer ce bref moment du poème, avec toutes les résistances et les gouffres qu’une telle situation peut impliquer. Le parti-pris a été qu’un tel aveu et un tel pardon n’étaient possibles que dans la nuit et l’entre-deux, et que la pleine lumière aurait rendu la faute intolérable et l’aurait crucifiée comme un papillon sur une toile. Le choc de l’arrivée de la musique de Vivaldi, avec son clinquant, matérialise cette surexposition.
Pour que la danse puisse rencontrer « La nuit transfigurée », une œuvre tellement lyrique et chargée, il m’a fallu inventer des stratégies, à la fois me distancer de la partition, et à la fois essayer de « faire entendre » la musique par le mouvement. J’ai décidé de partir du poème de Richard Dehmel. Schönberg en a tiré sa musique ; je m’en suis servi pour créer la danse, et j’ai confronté celle-ci à la musique dans un deuxième temps. Une triangulation libératrice, comme si grâce à « La Nuit » de Dehmel, je pouvais aller à la rencontre de celle de Schönberg.
Enfin, l’évocation d’une chasse s’est immiscée dans la pièce : une multitude de bois d’animaux évoquent la forêt, et aussi la menace latente, un figement du sauvage et du vivant. Le saviez-vous ? Des bois de cervidé exposés au mur comme trophée de chasse, cela s’appelle un massacre. »
Philippe Saire
Dernière mise à jour : février 2014