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La Natura delle Cose

Chorégraphie
Collection
Année de création
2008

D’après « De natura rerum » de Lucrèce

Une œuvre inspirée du De natura rerum de Lucrèce.

Chaque moment est fragile et le groupe de cinq danseurs, ne formant qu’un seul corps, est en mouvement dans l’espace, ce ne sont pas des gestes rituels, mais une libération continue d’un geste dans un autre.
La chorégraphie s’ouvre avec un portrait, pas une image. Il se détache du corps de l’homme ou du danseur, cette image de l’esprit qui est capable de déplacer la perception de son propre équilibre : en pratique, dans les cauchemars tout comme dans les images reflétées, on peut dire que le regard n’est pas tourné vers lui-même mais s’annule afin de laisser de l’espace à quelque chose d’autre, à l’autre ; ce portrait nous guide à travers la danse et les trois scènes.
Vénus traverse trois âges.
D’abord, elle a onze ans, puis elle est une enfant de deux ans avant d’être finalement une femme de quatre-vingts ans. Il ne s’agit pas d’un cycle précis, mais d’un bond dans le temps ; il ne s’agit pas d’une inversion temporelle mais des traces de la mémoire sur le corps adulte. Dans ce sens, la structure a été déterminée par la posture du corps et la façon dont elle se construit au cours des différentes étapes de la vie. Vénus est d’abord suspendue ; puis elle descend sur Terre, son buste dressé et parfaitement droit ; finalement, dans la troisième scène, elle est dans un vide, un ventre sur le sol et nous regarde dans les yeux. Ainsi, Vénus est également sur une pente, elle chute et décline, elle est le regard de chaque moment, encore plus fragile.
Pendant vingt minutes, Vénus ne met jamais vraiment les pieds sur le sol.
Une source de plaisir et de ravissement, suspendue, soulevée et déplacée par quatre hommes qui la guident dans sa dynamique. Elle se limite chaque fois à une avancée, sans précipitation, on peut penser à la déclinaison des atomes au moment incertain lorsque, au cours de leur chute dans le vide, ils rencontrent un point imprécis manquant de matière.
Je ne pense pas tellement au vol en tant que mécanisme inscrit dans la partition dans laquelle le corps de Vénus est un clinamen, ce tout petit écart et tendance des atomes que Lucrèce a remarqué. Des images défilant définissent le corps comme momentané, une membrane subtile qui tend sans cesse à se détacher.
Et effectivement, à partir du corps de la danseuse, la danse dans la deuxième scène dessine des images, des portraits et tend sa peau pour préparer les « presque organes » qui y gargouillent et qui, ici, nous « effraient » par l’isolement martelant de chaque silhouette, de chaque atome de la dynamique : Vénus sépare physiquement ses membres pour les arranger et les adapter à la danse, ou plutôt, aux suspensions de la danse.
La troisième scène est présentée comme conjointe, comme un évènement. Une rencontre momentanée produite par le clinamen : le vide continu de l’espace dans lequel la vieille femme,  parmi des éclairs, de la brume, des volcans et des fléaux inexistants, se propose afin d’être utilisée pour dévier habilement le regard vers chaque geste.
Tout cela étant dans le spectacle, que regardons-nous finalement ? Il existe un espace entre le plaisir et l’amertume qui peut sauver le théâtre. Le théâtre, pas seulement celui du soir, mais également celui auquel on s’intéresse quotidiennement comme une nécessité et un désir, est-il encore ce choc indéfini dans la « momentanéité » du spectateur et du participant ? Encore aujourd’hui, en traversant ces espaces qui accueillent les corps, j’imagine toujours un danseur, ou un ange, un être béni sans organes donnant naissance à la danse d’une musique intérieure, toujours extrêmement fragile et tendue.

Chorégraphie
Collection
Année de création
2008
Direction artistique / Conception
Virgilio Sieni
Conseil artistique / Dramaturgie
Giorgio Agamben
Lumières
Marco Santambrogio et Virgilio Sieni
Musique originale
Francesco Giomi
Interprétation
Ramona Caia, Nicola Cisternino, Jacopo Jenna, Csaba Molnar, Daniele Ninarello
Autre
/ Nada Malanima (voix)
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