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Représentations filmées

La Barbe bleue [teaser]

Année de réalisation
2015

Cette lecture de La Barbe bleue pourrait précéderou suivre celle de Charles Perrault. Régénéré par une
inversion des genres, puisque chez Michel Kelemenis
le rôle titre est femme.

Qu’a retenu notre mémoire d’enfant du conte de La Barbe bleue ? Trois secondes suffisent à rassembler l’image d’un homme effrayant, assassin de ses femmes, la noirceur d’une chambre interdite, et, peut-être, une morale enfantine désarmante de naïveté : la curiosité est un vilain défaut. La véritable morale de Charles Perrault pourtant ne s’adresse pas directement aux enfants : elle invite les époux trompés à panser leur blessure d’orgueil par le pardon. Ces souvenirs résiduels cantonnent la portée du texte à une construction sociale de la représentation des rapports entre l’homme et la femme qu’une lecture adulte balaie.

L’intrigue succincte suscite une immensité fantasmatique inversement proportionnelle à sa ténuité. La Barbe bleue se divulgue à travers le récit de la septième noce d’un châtelain à l’aspect terrifiant. La dernière épouse parvient à déjouer son destin en mettant un terme aux jours de l’individu que tout pousse à considérer comme un monstre. Cette lecture prédomine depuis la publication du texte au XVIIème siècle ; elle s’appuie sur un déséquilibre caricatural où l’homme représente le pouvoir, la domination et la mise à l’épreuve quand la femme incarne la faiblesse, la curiosité et la trahison.

En dépit de son apparente candeur, et bien qu’elle force la porte défendue, la dernière épouse interrompt le cycle des sacrifices. L‘assassinat de l’être sanguinaire apaise la tension, pour clamer en conclusion une libération féminine de la domination de l’homme. Peut-être trouvera t-on là une première trace de combat féministe. Le conte pourtant n’interroge pas le sort de la toute première épouse. Sa disparition sibylline, la chambre étant évidemment vide de corps mort, ne peut que surligner sans plus d’explication le caractère barbare du protagoniste principal. Mais…

Un déchiffrage symbolique renverse l’ensemble de la construction. En second niveau de sens, la clef délatrice désigne un adultère. La morale de Perrault se réfère à un temps qui lui est antérieur, où une condamnation définitive sanctionne l’infidélité impardonnable d’une épouse. La première union s’éclaire alors différemment : une trahison originelle dicte ses gestes de vengeance au monstre en proie à une intense jalousie, ouvrant la voie à l’horreur de six meurtres successifs. Serial cocu avant d’être bourreau, La Barbe bleue est victime de l’infidélité de ses conjointes.

Le premier axiome du spectacle retourne donc l’élément principal : La Barbe bleue est une ogresse séductrice qu’accompagnent les fantômes de ses époux assassinés, pour hanter, peut-être, l’ultime successeur.

Chorégraphie
Compagnie
Année de réalisation
2015
Lumières
Jean-Bastien Nehr
Musique originale
Christian Zanési – Enregistrement des cordes – Quatuor Tana avec Antoine Maisonhaute & Pieter Jansen (violons), Maxime Desert (alto), Jeanne Maisonhaute (violoncelle)
Musique
Philippe Hersant
Interprétation
Claire Indaburu, Benjamin Bac, Luc Bénard, Thomas Birzan, Benjamin Dur, Paul Girard, Benjamin Gouin et Laurent Le Gall
Scénographie
Michel Kelemenis assisté de Christophe Dubois
Son
Martin Lecarme
Production de l'œuvre chorégraphique
Kelemenis & cie Grand Théâtre de Provence / Aix-en-Provence – Avec le soutien de l’Adami – Nos remerciements à l’équipe du gmem-CNCM-marseille
Direction technique
Régies – Bastien Boni & Nicolas Fernandez
Réalisation
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