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Jour de colère
« L’œuvre de Julius Eastman, figure injustement oubliée du minimalisme américain, inclut et transcende sa tragique biographie. Sa musique n’a finalement de minimal que ses procédés d’écritures. Pour le reste, elle apparaît surtout chargée d’une énergie rock en phase avec les engagements politiques du compositeur en tant que musicien noir et gay, en phase aussi avec son époque, cette génération qui rêvait de marier les idéologies collectives à la libération individuelle.
Le morceau Evil Nigger, ici dans une version pour piano et guitare électrique interprétée par Melaine Dalibert et Manuel Adnot, est un manifeste en soi. Questionné sur son titre polémique, Eastman se lance dans un éloge vibrant de l’engagement individuel et de la convergence des luttes.
C’est cet aspect, singulier et collectif, qui est le point de départ des 21 partitions interprétées par les danseurs. Elles usent et abusent des corps affûtés, des jambes acérées, des pirouettes et grands jetés désordonnés ; elles s’accumulent jusqu’au chaos, et mêlent, dans un même débordement d’énergie, gestes triviaux et figures virtuoses.
Nous avons besoin du soulèvement de la jeunesse. C’est le sens de l’énergie que je voudrais déployer ici, en écho à la formidable vitalité qui traverse la musique du compositeur, et dans l’écart qu’il ouvre lui-même entre musique savante et influence populaire. »
Olivia Grandville
Source : Ballet de Lorraine