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JOTR

Janet On The Roof

Chorégraphie
Réalisation
Année de réalisation
2019
Année de création
2016

D’après « Janet on the roof » pièce chorégraphiée par Pierre Pontvianne créée le 5 juillet 2016 au Festival des 7 collines – Comédie de Saint-Étienne 

La pièce JANET ON THE ROOF

JANET ON THE ROOF retranscrit un état de sidération qui finit par tout imprégner, et devient la toile de fond de nos existences. 

L’attention du spectateur est amenée à se concentrer sur un endroit physique, primaire, provoqué par le trop-plein d’événements terrifiants que nos sociétés peuvent traverser. 

Attentats, catastrophes, menaces … sont des impacts qui compriment le temps de nos perceptions. Il s’agit de s’emparer de ce temps pour l’étirer et le diluer, pour essayer de mieux le comprendre, pour soulever, élargir les micro-évènements qui s’y produisent : les évidences, l’irréversibilité, la logique de l’instant, la stupeur … Ce sont des choses qui, prises séparément sont assez simples à analyser, mais que nous n’avons pas le temps de saisir dans leur instantanéité. 

JANET ON THE ROOF véhicule et provoque un contexte de sidération porté par l’interprète. Deux singularités fortes lui sont imposées d’emblée. Le corps perd son visage, il perd son identité, il devient commun, humain ; puis sa physicalité est étirée dans le temps. Il entre dans une démultiplication de l’échelle du mouvement, il propose continuellement de nouvelles images qui glissent l’une dans l’autre, qui se relaient, la première infiltrant la suivante et ainsi de suite, jusqu’à de brutales césures. Sa danse s’exprime dans une perte et une récupération continue du mouvement qui fait puis défait ce qui vient d’être terminé, qui en récupère le matériau, qui recommence, sans jamais s’arrêter. 

JANET ON THE ROOF est une chute, un mouvement inéluctable. À l’instant où l’on voit la feuille se détacher de l’arbre, on a compris qu’elle allait se poser au sol. Ce que l’on regarde, c’est tout le chemin qu’elle fait pour tomber, qui repose toujours sur le même principe, mais qui se trouve être toujours singulier. Le mouvement de l’interprète, sur 50 minutes, suit un principe analogue, celui du thème et de la variation, qui agit à la fois à l’endroit de la surprise et du connu. 

La sidération se produit aussi dans ce constat : ce qui survient nous surprend en même temps que c’est identifié, presque attendu. Dans JANET ON THE ROOF, on retrouve ces soudaines compressions du temps qui s’opèrent sous l’effet d’un choc. La première surprend le public, la deuxième déjà moins, et la troisième se transforme presque en situation habituelle. La peur nous permet peut-être de chercher des solutions, la sidération, quant à elle, éradique toute la fertilité du possible. La terreur, elle, crée une angoisse qui se diffuse et qui, par sa répétition, finit par nous engourdir. 

Ce qui nous surprend nous sidère et ce qui nous sidère ne nous surprend plus. La pièce dit, entre autres choses, cette érosion de nos sensibilités. 

Le film JANET ON THE ROOF

« […] L’adaptation filmique de Janet on the roof me donne l’occasion d’aller plus loin dans ce dialogue cinétique entre le corps du danseur et l’œil de la caméra, extension du regard du spectateur qui pénètre ainsi jusqu’au cœur de la danse. 

Le rythme de ce travelling entre en dialogue, en relation, avec le rythme chorégraphique, pour en révéler les glissements et revirements sensibles. Absent et omniprésent à la fois, le spectateur entre dans le territoire de la danse, l’intimité de la performance. Il scrute les formes, les espaces, les pleins et les creux, les muscles, les cheveux, la peau… 

La magie du montage de cinéma lui offre le privilège de l’ubiquité : la danseuse apparaît tantôt monumentale, monstrueuse, par le choix d’un gros plan, d’une perspective inattendue. Tantôt, au contraire, par le choix d’un plan d’ensemble, elle semble minuscule, perdue dans l’immensité. 

Dans Janet on the roof, un mur noir long de sept mètres pour deux mètres de hauteur se rapproche lentement tout au long du spectacle, du fond de la scène où on le distingue à peine d’abord, jusqu’à l’avant-scène, où il prendra finalement la place de la soliste. Ce lent et subtil amenuisement de l’espace mène à l’anéantissement de l’être qui, jusque-là, dansait devant nous. Un effet tout à la fois simple, implacable et puissant. 

Au cinéma, cette idée doit être retranscrite avec la même subtilité et la même inexorabilité, pour en transmettre toute l’émotion. D’une part, grâce à un découpage qui se resserre progressivement et joue avec la perception, presque inconsciente, de la fin qui approche. D’autre part, grâce à un plan qui proposera une perspective inédite, un point de vue sur le dispositif scénique que le spectateur de théâtre ne pouvait pas avoir : celui d’un plan en coupe de l’ensemble du plateau. Au fur et à mesure de la représentation, l’espace de l’interprète se restreint, alors que la pénombre envahit concrètement l’écran, jusqu’à avaler l’interprète. 

JANET ON THE ROOF propose de faire l’expérience paradoxale, simultanée, d’une disparition et d’une apparition. Le corps, tendu dans l’effort constant, entre effacement et dévoilement, finira par être avalé par l’émergence régulière et inéluctable du mur, forme pure, rectangulaire, noire, insondable. Le vivant n’est plus, seul reste le solide inanimé, la matière impassible. […] » 

David Mambouch 

Chorégraphie
Réalisation
Année de réalisation
2019
Année de création
2016
Direction artistique / Conception
Réalisation, montage : David Mambouch
Durée
40 min
Lumières
Valérie Colas
Autre collaboration
Machinerie : Coralie Verdier
Interprétation
Marthe Krummenacher
Production de l'œuvre vidéo
Compagnie PARC / Coproduction This film was partially made possible with funding from KYLIAN PRODUCTIONS (NL), Le Dôme Théâtre Albertville, Avec le soutien du Ministère de la culture / Direction générale de la création artistique. Avec l’aimable autorisation de Janter Lumban Gaol, Apen Sitanggang, Guy de Saint Cyr pour leurs images des avalanches pyroclastiques du volcan SINABUNG à SUMATRA. Location matériel Philippe Vincent / Cie Scènes – Theâtre – Cinéma. Le Tournage a lieu au Dôme Théâtre à Albertville et Ramdam, un centre d’art en juin 2019. 1ère diffusion le 6 décembre 2019.
Son
Pierre Pontvianne
Production vidéo
Image : Pierre Grange ; Assistante image : Pascaline Manachère
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