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Jazz - Épreuves de danse 2023 - Variation n°19 - Fin du cycle diplômant (DEC), épreuve d'admission EAT, garçon 2ème option
Titre : KANA TEGE
AVANT PROPOS :
Cette variation peut aussi bien être dansée par un garçon que par une fille. La tenue vestimentaire du danseur interprète ne doit en rien influencer le candidat ou la candidate, qui sera libre de choisir la tenue de son choix, du moment que le corps reste lisible et dans des couleurs de terre (marron, beige, taupe, ocre, orangé, vert, …). De même que pour le port de chaussons de danse jazz, de chaussettes ou le fait de danser pieds-nus, je prends le parti de laisser le choix au candidat ou à la candidate. Nous avons exploré, Paul Redier et moi-même l’apprentissage de cette variation à travers différentes entrées en contact avec le sol : pieds nus pour l’ancrage et la stabilité, en chaussettes ou chaussons pour le glissé et le lié du mouvement. Mon danseur a choisi de vous présenter cette variation avec une matière au bout des pieds. Je vous invite cher(e) candidat(e) à tester différents supports avant de prendre votre décision, celle qui vous permettra de danser le plus sincèrement possible cette variation.
Chorégraphier cette variation d’Examen d’Aptitude Technique fut pour moi un projet extrêmement passionnant à mener. J’ai souhaité mettre en valeur dans ma chorégraphie ce qui fait mon Jazz d’aujourd’hui. Les rencontres, les scènes partagées, l’évolution de ma technique et de mon expérience révèlent la chorégraphe que je suis devenue. Dans cette variation, il me tenait à cœur d’insérer quelques clins d’œil en référence au patrimoine chorégraphique de la danse Jazz. Je souhaite ainsi inviter le candidat ou la candidate à s’inspirer et découvrir des œuvres de danse Jazz. Il pourra reconnaître par moment les qualités de fluidité et d’impact chères au travail de Matt Mattox, ou le travail d’ondulation de colonne vertébrale comme nous pouvons l’apprécier dans plusieurs Œuvres de Garth Fagan, ou bien encore le très connoté « hinge » du Sweet Charity de Bob Fosse (1969). Cette liste n’est pas exhaustive, elle se veut justement d’insuffler au candidat ou à la candidate l’envie de faire des liens entre des passages de la variation et d’autres références de la danse Jazz !
AUTOUR DE LA MUSIQUE :
La variation s’appelle Kana tege qui veut dire : ne jamais cesser. Cette musique a été créée en étroite collaboration avec Nicolas Baroin et Nicolas Robert, deux musiciens très inspirés par la culture africaine, notamment l’Afrique de l’Ouest. Les quelques expressions entendues dans la variation sont du dialecte Malinke :
-Kana tege : ne jamais cesser, continuer de…
-Dô ke : danser.
-Atonié dô ke lila : laissez-nous danser.
-Douma : donne moi.
D’autres expressions en français ponctuent la musique :
-Garder la tête haute.
-Garder le souffle.
-Penser à demain.
-S’approcher.
-Se libérer.
-L’espoir ne meurt jamais.
-On continue de vivre, chanter, de danser.
-Le monde de demain sera ce qu’on en fait : cette dernière phrase sera répétée quatre fois à partir d’une minute. Lors de la dernière fois, je souhaite que le candidat ou la candidate inscrive sur ses lèvres ce propos. Il ou elle devient alors le messager, avant de prendre son élan pour une série de sauts, comme un envol vers l’avant, vers demain, le futur.
La musique est un binaire afro-électro qui se compte en 8 temps. De nombreux instruments traditionnels africains ont été utilisés pour la variation :
-le kamele n’goni (de la famille des harpes, dans la lignée de la Kora mais avec moins de cordes, 8 au total),
-les dunduns (tambours, joués à la baguette), 3 types existent sur cette musique : dundunba grave, sangban medium, kenkeni aigu,
-le djembe,
-les tablas (tambours indiens).
Mais aussi une basse, une contrebasse, un shaker, une batterie et de la MAO (musique assistée par ordinateur).
AUTOUR DE LA VARIATION :
Les deux qualités principales que je souhaite voir dans cette variation sont : explosivité et félinité.
Le candidat ou la candidate arrive après 4 temps d’introduction musicale, du fond de scène côté jardin. Cette entrée doit être le plus spontané possible, avant d’être entrecoupée de différents pas. La direction vers l’avant est bien déterminée. J’ai eu envie de conclure ma variation comme je l’ai démarrée. Je souhaitais donner l’impression au spectateur d’un cadre, avec à la fin quelque chose de nouveau, cette direction vers l’avant qui se prolonge. Dans la captation vidéo, le plan fondu de caméra sert à faire comprendre cette notion d’avancée vers l’infini, vers « le monde de demain ». Lors de l’examen, le candidat ou la candidate prolongera de 5 pas (au ralenti) après avoir fini son dernier accent de buste vers la gauche avant de s’arrêter face au jury.
J’ai souhaité accorder une liberté de composition à mon danseur Paul Redier et lui permettre de créer 4 phrases de 8 temps, avec une demande de travail d’isolations basé sur les différentes sonorités qui donnent une impression de rapidité de tempo, de 1’49 à 2’07 min. Le candidat ou la candidate ne cherche pas à improviser sur cette partie et apprend ce qu’il ou elle voit sur la vidéo.
Il était important pour moi de proposer une variation avec une musique aux couleurs de l’Afrique, le berceau de l’histoire de notre danse Jazz, mais d’intégrer via la MAO des résonnances modernes. Se servir d’hier pour aller vers demain… Nous avons commencé il y a quelques mois à écrire l’histoire de notre nouveau monde, nous servant de notre vécu…
Kana tege !
Marie DUHALDEBORDE