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Insaisies
Cette œuvre porte en elle toute l’ironie, l’inquiétude, la gravité ombrée qui ont donné à la danse de Bagouet son incroyable profondeur.
Les personnages – en noir et blanc à l’exception des « feuilles de salade verte » qui s’échappent des costumes – semblent sortis d’un cinéma précoce, comme dans les meilleures des pièces plus connues du chorégraphe : lutins, soubrettes, princesses échouées, romantiques décadents, tous paraissent découpés au rasoir, dans l’extrême précision de la silhouette et du geste. Comme dans les univers du cinéma expressionniste que Bagouet affectionnait, des forces qui les dépassent manipulent ces personnages tour à tour somnambules ou machiavéliques. La danse est faite de gestes minuscules, de regards de travers, multipliant les arrêts sur image, qui donne parfois une impression mécanique. Des grands motifs de Bagouet, tout est là : une scénographie insistant sur la frontalité (une vaste toile de fond percée de sept portes d’entrées) ; des couloirs chorégraphiques tracés du fond à l’avant-scène qui font souvent ressembler la scène à une exposition de pantins, tous face public ; un bouleversement de cette frontalité évidente par le retour incessant des diagonales, dans les corps et dans l’espace ; une dérision, qui oppose une danse finement ciselée à des matériaux grossiers frôlant la caricature… « Insaisies »porte en elle toute l’ironie, l’inquiétude, la gravité ombrée qui ont donné à la danse de Bagouet son incroyable profondeur.
Source : Isabelle Ginot in « Images de la culture n° 19 » – janvier 2005.
Création le 5 juillet 1982 au Festival Montpellier Danse 1982 dans la Cour Jacques Cœur de Montpellier
Spectacle filmé en mai 1983 à la Maison de la Danse de Lyon
Dernière mise à jour : décembre 2012