Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
Hymnen
“- Vous n’avez pas peur de la toile blanche ?
– La toile n’est pas blanche ! Elle est noire, noire de toute l’histoire de la peinture et de ce que j’ai fait moi même. Il s’agit donc de la blanchir et non pas de la noircir. Soit une première touche de rouge sur la toile apparemment blanche : le rouge commence par effacer puis il blanchit, libère la toile de toutes les noirceurs passées qui la couvrent. Mais tout de suite, il se sent seul, il réclame, demande, supplie, exige un vert pour danser avec lui [ … … ] ”
GF – 1970, ballet Hymnen
“Mais vous savez, cher Gérard Fromanger, il n’y a pas que la couleur rouge dans la vie ! “ m’écrivait Karlheinz Stockhausen, il y a quelques mois. Comme il a raison ! Tenant compte de cette remarque de bon sens et comme je le fais dans ma peinture, j’ai voulu pour Hymnen donner une chance à chacune des couleurs du spectre ( les chaudes : rouge, orangé, jaune et les froides : bleu, vert, violet sans oublier le noir et le blanc ).
Stockhausen dans Hymnen déconstruit, broie, allonge, réduit, mixe tous les bruits et les sons (hymnes nationaux, chants d’oiseaux, machines, souffles, voix humaines, etc…) pour en faire une musique immense.
Lia Rodrigues, Didier Deschamps et moi-même avons imaginé un ensemble SONS MOUVEMENTS COULEURSqui propose une lecture et une écoute contemporaines de cette musique toujours neuve.
Gérard Fromanger – Mai 2007
« Cette invitation est un défi, elle provoque la rencontre d’artistes qui viennent de réalités et d’univers très différents : Gérard Fromanger, Didier Deschamps et les danseurs du Ballet de Lorraine, moi-même et les danseurs de ma compagnie au Brésil.
Nous nous proposons d’explorer une zone commune : la musique de Stockhausen, Hymnen, œuvre musicale emblématique des années 60, toujours aussi puissante. Cette musique crée un monde sonore, un mouvement dans l’espace. Et même son auteur l’appelle « musique de scène », la compare à « une peinture musicale figurative ». Stockhausen parle de transmutation, intégration, fusion, composition d’un espace de perception. Ces mots pourraient être la clé de ce spectacle : création d’un territoire qui appartient à tous fait d’une multiplicité de corps, de regards, de couleurs. »
Lia Rodrigues
« En 1970, Jean-Albert Cartier, alors directeur du Ballet Théâtre Contemporain d’Amiens, réunissait autour de Michel Descombey un collectif de 5 chorégraphes pour créer un spectacle autour d’Hymnen de Karlheinz Stockhausen, avec la collaboration de Gérard Fromanger pour la scénographie, les décors et les costumes.
Cette oeuvre résonnait fortement des tensions et utopies de l’époque et particulièrement de mai 68, par le contenu même de la partition musicale, des décors, des costumes et par l’organisation inédite d’une démarche chorégraphique collective.
Trente cinq ans plus tard, si le monde a changé, les problématiques des identités nationales, ethniques, religieuses se posent toujours avec une grande acuité, renforcées par la prolifération de nouvelles migrations, d’inégalités et de misères. En conviant Gérard Fromanger et Lia Rodrigues à renouveler avec moi cette aventure, il ne s’agit pas d’illustrer la musique, ni de coller à l’actualité politique. Cependant, les bruits, les images, les injonctions et les défis du monde constituent la trame de notre démarche. »
Didier Deschamps