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Grand écart
Première pièce avec la compagnie Chopinot, « Grand écart » est créé en 1982, un an après le prix obtenu aux Rencontres chorégraphiques de Bagnolet pour « Appel d’air ». Dans cette nouvelle pièce, Régine Chopinot s’attache particulièrement à travailler la relation qui unit l’action théâtrale et l’action dansée.
Sept danseurs en tenue de ville investissent l’espace scénique organisé en couloirs : « Les danseurs semblent, depuis le fond de la scène, remonter la perspective comme pour sortir de l’espace de représentation : ils montent à l’assaut du public en un face-à-face brutal » [1]. Tirant leurs gestes du quotidien, les danseurs les combinent à des mouvements plus techniques, inscrivant résolument la chorégraphie sur le registre du second degré « et du montage déhiérarchisé des références, chers à l’ère postmoderne » [2] : « Les images chorégraphiques surgissent au détour de leurs connexions, de leurs fugaces agencements qualitatifs » [1].
Le son et la lumière jouent ici un rôle particulier : les corps prennent la parole par le biais d’onomatopées, tandis qu’à plusieurs reprises, « la lumière bascule de la scène à la salle, éclairant crûment le public que survole parfois le bruit tonitruant d’un avion qui décolle » [1].
[1] Annie Suquet, « Chopinot », Le Mans : éd. Cénomane, 2010, p. 25.
[2] Annie Suquet, op. cit., p. 14.
Extrait de presse
« Avec Régine Chopinot, il ne s’agit plus de séduction, mais de fascination. “Grand Ecart” ne joue pas en effet le détour, mais le face à face. Deux rangées de vêtements suspendus tracent des couloirs qui canalisent les allers et venues des danseurs. Aucune issue à ce va-et-vient, à cette intermittence incessante entre la proximité et l’éloignement des corps. Pour s’arrêter, il faut tomber comme le font d’une manière très neutre les danseurs du plus haut au plus bas. Le groupe de solitudes qui se côtoient va à la charge et se retire avec des gestes imparables. Un grattement, un attouchement, un frôlement, une claque surgissant sur un rythme martelant s’inscrivent directement dans une sorte de mémoire immédiate. La danse fascine, paralyse, mais ne ravit pas. On la reçoit comme les “stimuli” sonores merveilleusement mis en un espace anonyme et neutre par la bande son de Philippe Cachia.
Pourtant, “Grand Ecart”, qui a la violence non du cri mais du murmure dans la nuit, ne brutalise pas. Régine Chopinot n’impose pas une nouvelle conception de la danse qui serait censée faire école. »
M.-C. Vernay, Les Saisons de la danse, n° 142, mars 1982, p. 18
Extrait de programme
« Huit danseurs, chaussures de ville sous le bras, corps souples ou entrés dans un geste du quotidien, espace volontairement réduit à un couloir, jingles en fond sonore. »
Programme du Théâtre Les Ateliers (Lyon, février 1982)
Générique
Dernière mise à jour : février 2013